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⌘ Préhistoire - Vestiges préhistoriques à La Ripelle




Source : Article de Roland Vernet publié par la Société des Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène dans son numéro spécial de mai 2006  "Balade au Château de la Ripelle"

 

L’adret du Mont Combe témoigne de l’occupation des lieux dès l’époque préhistorique. Exposition ensoleillée, eau abondante à proximité, grottes-abris sèches ont retenu l’intérêt d’un groupe d’individus à l’instar de ceux des grottes des Laurons et du flanc ouest de La Vieille Valette, si proche, où l’on peut voir des traces de fond de cabanes (trous pour pieux). En face, de l’autre côté du ruisseau des Argériès, se dresse l’ubac du Faron dont la partie ouest ne manque pas de grottes qui furent occupées à la même époque.

 

Des archéologues ont découvert et fouillé ce site dès 1938 ; nous pouvons avancer que les bergers du coin connaissaient cet endroit ; peut-être ont-ils servi de guides à ces archéologues. Les trois grottes importantes s’ouvrent dans la partie ouest ; ailleurs, la base de la falaise présente des renfoncements dont un au sol très patiné comme s’il y avait eu une longue fréquentation sur ce sol rocheux. À l’extrémité est, à proximité de la source de la Ripelle, un effondrement béant : c’est le ragage du figuier, nommé ainsi à cause de cet arbre dont la ramure émerge du lieu dont le sol a manifestement été fouillé ; c’est un aven-grotte peu profond (environ 5 mètres) ; un éboulis peu incliné permet d’atteindre le fond de cette sorte de cône ; accès actuellement très difficile à cause de la végétation dense.

 

Les renseignements donnés ci-après proviennent des documents du Centre Archéologique du Var. Les objets trouvés lors des fouilles font partie de la collection R. Gérard au Dépôt de Fouilles de Toulon. Monsieur René Gérard a publié le résultat de ses recherches dans le bulletin n° 53 de la Société de Botanique, de géologie et d’entomologie du Var.

 

Les trois grottes principales ont été nommées en fonction de leur taille et des vestiges découverts :

  • LA GRANDE GROTTE DE LA RIPELLE
  • LA PETITE GROTTE DE LA RIPELLE
  • L’ATELIER DE LA RIPELLE

 

Elles ont été découvertes et fouillées entre 1938 et 1942 par R. Gérard, M. Debroas, A. Durand. Les spécialistes messieurs Courtin et Layet ont confirmé la datation du matériel découvert.

Jusqu’à l’ouverture d’un sentier réalisé par les escaladeurs toulonnais pour atteindre la falaise qu’ils voulaient gravir, il y a cinq ans, l’accès n’en était possible qu’à condition de se frayer difficilement un chemin dans un maquis très dense, à partir de la Tourrevelle, ou par un couloir épineux à partir de la crête.

Les objets ont été trouvés à la surface du sol et jusqu’à un mètre de profondeur, notamment dans la plus grande. Les fouilles successives ont trop remanié les niveaux pour permettre d’établir une stratigraphie significative. Le sol garde encore la trace de ces fouilles.

La Grande Grotte de la Ripelle, photo Marie-Hélène Taillard

La Grande Grotte de la Ripelle
photo Marie-Hélène Taillard

 

Aspect et situation

  • La grande grotte
    On y entre, presque debout, par un porche naturel en ogive Un couloir de 4 m de long débouche dans une salle de 7 m de long sur 2,50 m de large et 5 m de haut. Elle est très éclairée par la lumière extérieure, et sèche. Des concrétions calcaires indiquent qu’elle fut longtemps active.
  • La petite grotte
    Un trou dans la falaise, au ras du sol, tout près de la Grande Grotte donne accès à un couloir de 4 m de long où l’on se déplace accroupi. Mais avant il faut s’y introduire en rampant par l’étroite ouverture. Le couloir débouche dans une petite salle de 0,85 de large sur 1 m de haut et 3 m de long.
  • Un vaste abri sous roche
    Juste après la petite grotte, la paroi change de direction, comme si le plateau se retirait. À trois mètres du sol, s’ouvre largement vers l’est une vaste grotte. Il faut escalader quelques rochers qui forment de grandes marches. Entre l’ouverture et le pied du socle, une végétation abondante la masque un peu. Elle mesure environ 4m de large sur 4m de long., sous un plafond de plus de trois mètres. La pluie n’a pas lessivé la terre qui s’est accumulée sur le sol au cours des siècles ; elle est tombée par les interstices du plafond, entraînée par les eaux d’infiltration. Le sol bouleversé conserve des traces de fouilles.
  • Une grotte atelier
    Elle fut découverte et fouillée par René GÉRARD en 1938, aux environs de la source de la Ripelle, à l’extrémité sud-est du mont Combe. Il a relaté les résultats de ses recherches dans le n° 53 du bulletin de la Société botanique, de géologie et d’entomologie du Var.

 

Occupation

Vu les vestiges découverts lors des fouilles, on peut dire que ces grottes ont toujours servi d’abris. En effet, certaines révèlent des ossements humains, d’autres des traces de taille de silex.

 

  • Ossuaires
    Les morts étaient enfermés dans des grottes. On a trouvé des ossements humains dans les deux petites grottes, peu nombreux et fragmentés. Ceux de la plus petite appartiennent à des sujets de petite taille (1,42 m et 1,56 m) à l’ossature gracile. Les restes d’un squelette replié et couché sur le côté droit, appartenant à un homme jeune ont été découverts dans la grotte-atelier ; ces ossements étaient rassemblés dans une fosse de 1 m x 0,80 m x 0,50 m.
  • Atelier de taille
    La grande grotte a offert aux chercheurs
    - un très grand nombre d’éclats informes de silex de mauvaise qualité, noirâtre, et quelques-uns en silex blond ;
    - une pointe de flèche en forme de feuille de saule, taillée d’un seul côté et une autre semblable en silex blanc ;
    - une extrémité de grosse pointe ;
    - 2 lames de 5 cm de long en silex noir et une petite lame en silex blond ;
    - 4 grattoirs ;
    - un galet plat et triangulaire, aux angles arrondis et biseautés, ayant peut-être servi de lissoir, un éclat de schiste et plusieurs morceaux d’ocre jaune.

    Le calcaire local offrait assez de silex pour satisfaire les biens des occupants de cette colline très ensoleillée. Dans le maquis qui couvre les pentes descendant vers la Ripelle on peut encore trouver ce silex dans sa gangue.
    Cet atelier semble avoir été peu important.

 

Autres objets recueillis dans les grottes-tombeaux

 

Objets en pierre (industrie lithique)

  • 1 pointe de flèche en silex ramassée à la surface du sol ;
  • 2 pointes de technique solutréenne* et 2 autres s’apparentant à celle de Bruniquel*. Cette industrie paléolithique en grotte, rare en région toulonnaise, est bien réelle. Jean Courtin a confirmé l’existence de ce Paléolithique.
  • 4 pointes de flèches foliacées, bifaces, certaines à bords denticulés

 

Objets en os

  • une esquille utilisée comme aiguille.

 

Objets en terre cuite (céramique)

  • des tessons ornés d’un décor digital, de l’Age du Bronze (Layet).
  • des tessons à surface lissée.
  • des débris de poterie attribuables à l’époque Néolithique * et au Chalcolithique*.

 

Parures

Dans la grande grotte

  • une pendeloque en cristal de roche avec un trou de suspension percé en biais ;
  • des perles en pierre polie, olivaires ;
  • une coquille perforée.

 

Dans la petite grotte

    • plusieurs pendeloques courbes en schiste, en stéatite et en coquillage ;
    • un anneau en calcaire ;
    • un cristal de quartz hyalin perforé ;
    • des perles olivaires en roche verte ;
    • de petites perles discoïdes calibrées en stéatite ;
    • une grosse perle en forme de tonnelet en métal, probablement en cuivre (selon M. Andreis, elle contiendrait 98% de cuivre et des traces d’étain). Cette perle aurait été importée du Languedoc à la fin du Chalcolithique (J. Courtin).

 

Vestiges de la faune

On a trouvé dans le sol de la grotte-atelier, des os de lapin, de renard, de capridé et quelques débris de coquilles marines.

 

Datation

Le matériel récolté va du Paléolithique Supérieur au Chalcolithique, et comprend quelques vestiges isolés du Bronze Final. La perle de métal découverte dans la petite grotte permet de dire que l’ossuaire de celle-ci est plus récent que celui de la grande.

 

NOTES EXPLICATIVES (pour les non spécialistes)

paléolithique supérieur : dernière époque de l’âge de la pierre taillée, - 50 000 av. J.C.
néolithique : âge de la pierre polie - 4 000 av. J.C.
chalcolithique : âge du cuivre et de la pierre
bronze : À cette époque, le bronze est un alliage de cuivre et d’étain
solutréen : relatif à Solutré, commune de Saône et Loire, célèbre par sa roche et sa station préhistorique.
Bruniquel : commune du Tarn et Garonne (grottes préhistoriques)
Les techniques cohabitent longtemps quand une nouvelle apparaît ; les périodes ne sont pas exactement les mêmes d’une région à l’autre.


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