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📖 Le Revest de P. Trofimoff - Le Revest-les-Eaux par Trofimoff




 Source : Le Revest, Tourris, Val d'Ardène, ouvrage de Pierre Trofimoff publié en 1963

Avertissement : des recherches historiques plus récentes contredisent certaines conclusions de Pierre Trofimoff. Il peut s'agir d'anachronismes ou de raccourcis enthousiastes mais abusifs destinés à combler les lacunes de notre histoire villageoise. Ces erreurs concernent les références à Charles d'Arcussia et au Roy René qui n'ont ni l'un ni l'autre eu jamais la moindre connexion avec notre village. Certes le Roy René a bien vendu Le Revest à la famille d'Arcussia, mais il s'agissait d'un hameau d'Esparron-de-Pallières, à 105 kilomètres au Nord d'ici, hameau déjà ruiné au XIe siècle et dont il ne subsiste aujourd'hui qu'une jolie chapelle, Notre-Dame-du-Revest.

Que Pierre nous pardonne, lui, fondateur des Amis du Vieux Revest et qui a tant fait pour l'histoire du village. Ces précisions sont pourtant essentielles, parce nous sommes également responsables de la propagation de ces erreurs vu que nous nous faisons l'écho depuis des années de ces travaux, avec ces inexactitudes que nous avons reproduites et diffusées. Pierre avait rétabli la vérité historique en 1991 dans un billet paru dans le bulletin municipal. Mais tous ses écrits antérieurs la reproduise encore.

Les passages litigieux seront colorés de vert.

 

Situation

 

Le Revest est à 7 kilomètres au nord-ouest de Toulon ; on y arrive par la départementale 846.

Le Revest domine la profonde et large vallée d'Ardène. Les oliviers grimpent à l'avant des mamelons rocheux. De rares mûriers sont les survivants d'une culture autrefois importante. Les carrières de bauxite et de pierres sont riches. On repéra, jadis, des mines de houille qui ne furent jamais exploitées ; une mine de plomb à gangue de quartz aurait été exploitée par les Celto-Ligures.

Le mot « Revest » désigne l'envers de l'endroit. Il signifie aussi le revers. En provençal, il a donné « Revessa », renversé ou renverser. Dans son Trésor du Félibrige, Mistral a signalé au mot « Revèsso » l'expression « revesso de mistrau », vent d'ouest-nord-ouest, ce qui situe le lieu dans un secteur nord. Revest est donc synonyme de « ubac », versant à l'ombre, son opposé étant « l'adrech, ou l'adret, ou l'adroit ».

Une tour


Habité par les Commoni, peuplade celto-lygienne, dont il était le chef-lieu, le Revest contenait ses maisons dans la partie comprise entre la tour et l'enceinte qui s'élevait sur les ruines que nous trouvons aujourd'hui. Construction très forte, solidement établie au sommet d'une colline, la tour pouvait, par ses dimensions, contenir une cohorte importante de gens d'armes avec leurs munitions. Sans risquer d'être sérieusement endommagée, elle pouvait résister à un siège, même long.

Carré parfait, la base de ce repaire est de 8,10 mètres de côté et bâtie à même le rocher : sa hauteur est de 12 mètres et l'épaisseur de ses murs est de 2 mètres. Sa construction est faite de moellons calcaires conchyliens de moyen et petit appareil, posés par bandes régulières.

Composée d'un magasin voûté, d'un premier étage et d'une plate-forme, elle subit, en 1865, différentes transformations nécessitées par la pose d'une horloge sur la plate-forme. Ces travaux amenèrent la municipalité de l'époque à ouvrir une porte sur la façade est, et la destruction presque complète de la voûte du magasin, pour laisser descendre les poids de l'horloge.

On découvrit un important dépôt d'armes, composé de flèches d'arcs, de fers de lances et de nombreux boucliers ronds.

Très sûr et très bien gardé, ce magasin était le « coffre-fort » des habitants, qui y mettaient à l'abri les produits métalliques et autres avant de les vendre ou de pouvoir les transporter jusqu'à la tour du Rega à Sanary. De là, ils étaient acheminés par barques sur les lieux où ils étaient transformés.

Litiges entre Toulon et Le Revest


Dès le 13ème  siècle, le Revest est l'enjeu des aspirations de Geoffroy IV, seigneur   de   Toulon,   et   de   Guillaume,   seigneur   d'Ollioules.   Geoffroy l'emporte après le verdict rendu par Monseigneur G. Rostang, évêque de Toulon. Dès cette époque, le Revest et d'autres quartiers limitrophes font partie du territoire de Toulon.

Morte en 1261, Sibille, dernière descendante des seigneurs de Toulon, donna Toulon  à Charles  1er  qui la fit passer dans le domaine  Comtal.

Elle devint chef-lieu d'un baillage dont le Revest faisait partie tout en étant la propriété des Chartreux de Montrieux, à qui Sibille en avait fait don par testament, y compris « la Seigneurie, ainsi que tous les droits qu'elle peut avoir ou qu'elle a sur ce château et Seigneurie ».

Beaucoup plus important qu'il n'apparaît aujourd'hui, Le Revest de par sa position stratégique, occupait une place de choix dans l’organisation défensive des proches abords de Toulon. Lieu de repli idéal, bien défendu et bien protégé, il contribuait à l'impôt en partageant avec Toulon, dès 1276, le prix d'une cavalcade d'un chevalier armé.

En 1374, c’est Raymond de Montanban (alias Montalban, seigneur de « Dardenne ») qui, en s'emparant du Revest, remet en question les clauses du testament de Sibille. Les Chartreux de Montrieux se défendent et obtiennent sain de cause auprès du bailli de Toulon. Ils sont confirmés dans leurs titres de propriétaires de la Seigneurie : château et terres.

L'année 1395 voit de nouveaux combats se dérouler dans le village. Les Toulonnais l'assiègent. Le Revest n'est pas le seul à subir l'acharnement de ses proches voisins : le château de Tourris est lui aussi malmené par les hommes venus de Toulon. Par délibération du Conseil de Ville de Toulon, en date du 27 avril 1395, Messieurs Vincent et Antoine, nobles, et Messieurs Antoine et Jacob sont priés de se rendre auprès du sénéchal et du Conseil Général, pour régler au mieux la paix qui est espérée entre la ville et Tourris et le Revest.

Le 20 juin (1395) le Conseil de Ville de Toulon décide qu'il sera payé 12 florins à Guillaume de Coreis pour le surplus de lances qu'il a fournies à la ville de Toulon et au château du Revest. Le Revest participait avec Toulon au siège de Pertuis, comme venait d'en décider le dernier conseil tenu à Tarascon, sous les ordres du seigneur Sénéchal. Mais l'organisation « du guet », la réfection et l'entretien des défenses et remparts préoccupent beaucoup les édiles toulonnais. On craint même une « descente du roi d'Aragon ». Les pirateries des Catalans inquiètent. On ordonne de faire des provisions. On répartit les postes de garde et on désigne ceux qui en seront chargés (1428).

Le « rôle du guet » est une fois encore révisé en 1442. En avril de la même année, on recommande de faire « bonne garde » aux portes. On craint une attaque des Génois. On s'en plaint en haut lieu.

Mais d'autres différends entre Toulon et le Revest ont surgi entre temps. Les Revestois ne répondent pas aux demandes des Toulonnais. C'est le  roi  René  qui, en 1442, tranchera les litiges.

Le trésorier de la communauté de Toulon devra payer toutes les factures qui concernent les travaux de fortifications. Pour finir et achever ces ouvrages, on sommera le lieutenant du bailli d'écrire aux syndics du Revest qu'ils auront à fournir cinquante pieux pour « la finition de la palissade  » (1443).

En 1447, les choses ne sont pas encore arrangées définitivement entre les deux communautés et, au Conseil de Ville de Toulon, on reparle du litige entre Toulon et le Revest.

Lors du recensement général des lieux, villages et châteaux inhabités, ordonné en 1540, en vertu d'un arrêté du Parlement de Provence, le sieur Louis Burle, membre de la Cour des Comptes, désigné pour visiter notre région, présenta le rapport suivant à la Cour :

« Le jeudi vingt-deuxième jour du mois de juillet de l’an 1540, je me suis fait transporter au lieu de Tourris, auquel lieu je n'y ai trouvé personne, preuve qu'il n'est pas habité, et me suis retiré au Revest qui proche dudit lieu et la, dans la maison d'un particulier dudit lieu, ai fait appeler Hugues Vidal, syndic dudit Revest ; Jehan Dartigue, Hugues Hermitte et Pierre Vidal, lesquels, interrogés par moi pour savoir dans quel lieu se trouvait le château de Tourris et quelles maisons y a et quelles charges ont, ont dit que le terroir de Tourris est possédé tant par les hommes du Revest que par ceux de la Valette ; qu'au dit lieu, il n'y a ni maisons ni châteaux, car tout est détruit ; qu'il y a des bastidons pour la remise des hommes quand ils vont travailler. Quant aux charges, ils payent la basque (droit sur les fruits et légumes) au seigneur de Tourris et un onzième sur les blés et autres, et une dîme d'un treizième au chapitre de Toulon ; ils n'ont pas d'autres charges. Quant aux commodités, ils ont dit que le terroir est bon, qu'il y a des pasturages, auxquels les hommes de Revest, de la Valette, de la Garde et de Toulon ont droit. Quant au Revest, ont dit qu'il y a 46 maisons habitées et qu'ils font à leur Seigneur semblables tasques et censés qu'au Seigneur de Tourris pour le terroir dudit Tourris ; ils payent la dîme au dixième, le fourrage au vingt-cinquième et la monture au vingtième. Quant au terroir, on dit qu'il est malaisé à cultiver. »

Pendant la Ligue, en 1585, le seigneur du Revest était sous les ordres du seigneur de Vins, Hubert de Garde.

En 1592, la tour du Revest vit les forces du capitaine Belloc la menacer ; elle fut sérieusement défendue et les assiégés obligèrent les assaillants à se retirer. Un autre groupe d'ennemis, sous le commandement du duc d'Eperon, mettait le siège devant le château de Val d'Ardène.

Le château du Roi René


Séjour d'été et rendez-vous de chasse du roi René, le château du Revest est flanqué deux tours en poivrière reposant sur des culs de pierre, ornés d'éperviers sculptés, en façade sud. Une troisième tour  cylindrique arrondit l'angle nord-est.

C'est en 1472 que le roi René vendit, sans clause de retour ni aucune réserve de rachat, la seigneurie du Revest à M. d'Arcussia de Palières, seigneur d'Esparron, pour la somme de 100 écus soleil d'or.

En 1866, une partie du château fut transformée en moulin à huile et tous les accessoires que la fabrication du produit exigeait y furent installés.

 

Le 26 mars 1666, le sieur Gubert prêtait à la commune la somme de 522 lires pour participer au rachat de Balthazar Vidal, détenu comme esclave dans Tunis.

C'est le 9 juillet 1687 que l'intendant de Provence ordonnait aux consuls du Revest de régler rapidement aux sieurs Martinenq Joseph, visiteur des gabelles de Provence, et Jean Martinenq, bourgeois de Toulon, les sommes que leur devait la communauté.

Par la même ordonnance, les consuls étaient autorisés à se pourvoir contre les « délibérants » qui ont, par leur mauvaise administration, donné lieu à la condamnation de la communauté.

 

Pendant le siège de Toulon, en 1707, les troupes du prince Eugène de Savoie se montrèrent si odieuses envers les habitants du Revest que les consuls et la population demandèrent au prince de les défendre et consentirent à assurer l'ordinaire des militaires.

Le prince logeait au château de la Val-d'Ardène. Les désirs de la population et des consuls furent contrecarrés ; une forte troupe française surprit les Savoyards du Revest, les chassa, fit de nombreux prisonniers. Furieux de son échec, Eugène de Savoie fit incendier le village.

 

La peste de 1721

 

Quatorze ans après c'est un nouveau fléau qui vint s'abattre sur la population provençale et particulièrement sur celle du Revest. De tous les villages composant la viguerie de Toulon, le Revest fut le plus atteint par la peste. Le tiers de la population mourut. Le second consul et ceux chargés des secours étaient malades. Le Revest s'était ruiné pour tenter de défier le mal. Le pain et la viande allaient manquer ; 600 livres furent allouées à la courageuse collectivité. La situation déjà douloureuse devint vite catastrophique. Le seigneur du Revest fit appel au cœur de l'Assemblée qui vota 400 livres de secours. Sur 500 habitants, 300 étaient morts, 150 étaient malades ; le reste, atteint ou non, était disséminé dans la campagne. Les deux premiers consuls étant morts, c'est le troisième consul, Sauvaire, qui signait, le 7 novembre 1721, l'acte proclamé en l'hôtel de ville de Toulon pour faire renaître la prospérité dans la viguerie. Le mal et la rechute étant de nouveau à craindre, les consuls du Revest firent garder le poste du bois d'Orves pour prévenir toute arrivée de personnes étrangères à la commune.
 

Dans le cadre des mesures arrêtées, le Revest fournissait et détachait 7 hommes à la compagnie des gardes-côtes de La Valette. Forte de 50 hommes, elle appartenait au bataillon de Toulon qui en comptait 650.

 

Le 5 janvier 1765, le Revest demandait un dégrèvement d’impôt, la récolte d'huile n'étant pas bonne.

 


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