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📖 Le Revest de P. Trofimoff - Val d'Ardène




Pour en venir à l'orthographe actuelle, nous nous reporterons à une lettre de M. B. Durand à M. Mareuse, du 27 octobre 1923.

Après avoir souligné combien les noms propres étaient « massacrés » par les « notaires ignorants et les graveurs de cartes », M. Durand expose toutes les formes rencontrées sur les textes anciens. Plus de dix orthographes différentes. Pour l'orthographe moderne, « il provient d'une confusion et d'une fusion du nom propre avec la préposition de qui le précédait généralement à une époque ou l'apostrophe n'était pas encore d'un usage courant. Quant à 1' s final, dont on agrémente aujourd'hui le mot, je n'en vois aucune explication, ni logique, ni étymologique, ni esthétique... Le malheur est que cet s malencontreux a fait croire que Dardenne était un pluriel, d'où le dernier contresens Vallée des Dardennes. Il convient donc d'écrire Vallée de Dardenne, ou mieux encore, si vous ne craignez point une pointe d'archaïsme, Val d'Ardène... » (Revue des Études Anciennes, tome 27, 1925).

Place forte de l’arrière-pays toulonnais, le « Castrum de Vallis Ardena » fut le lieu de repli d'une peuplade établie sur les bords de la Valdas (l'As, le Las). Proche des Commoni (établis au Revest, peut-être de la même famille), elle communiquait avec sa voisine et les établissements similaires de la côte par code. Complexe puzzle de l'architecture défensive méditerranéenne, solide point d'appui de la défense toulonnaise, les caractéristiques militaires et religieuses, voire conventuelles, y dominent.

La tour celto-lygienne (au côté du dixième moulin) est l'élément premier autour duquel le tout fut composé. Magasin d'armes et de marchandises, cette tour, par son architecture et l'épaisseur de ses murs, était inexpugnable. Un mur d'enceinte clôturait l'ensemble. Les vestiges de cette muraille ont dû servir à la construction du dixième moulin et du « Paridon ». Par ses dimensions, la tour du Val d'Ardène est la fidèle jumelle de sa voisine (Revest). Du fait de réparations, elle a été légèrement arasée sous le toit. Diverses modifications ont transformé l'intérieur. Une citerne a peut-être existé en sous-sol de Tune des trois ailes du bâtiment, encore inexplorée.

Les auteurs qui se sont penchés sur le testament de Sibille, dame de Castellanne et de Trets, ont généralement mentionné la donation par celle-ci du Revest et de Val d'Ardène aux Chartreux de Montrieux.

La présence d'un ordre religieux à Val d'Ardène a fait naître une tenace  légende.  On a en effet longtemps parlé des Templiers comme avant possédé ce  fief ; la proximité de leur établissement des Routes (le Temple) a contribué à répercuter cette erreur.

À l'intérieur de l’enceinte fortifiée, dominant les rares constructions qui s'élevaient en contrebas, une église fut bâtie. Une église de campagne à une nef, à chevet plat avec crypte.

Vaste carré, l’ensemble de la construction actuelle enferme une cour plantée d'un élégant platane, Solidement accrochées à une couche de travertin, les fondations de la bâtisse sont renforcées par des piliers faits de conglomérat de mortier et de pierres meulières. Ces piliers ou pieux sont très nettement visibles au fond de l'excavation ouverte dans la cave. Ils semblent disposés à intervalles réguliers.

Longue pièce voûtée en plein cintre, avec un arc doubleau approximativement en son centre, la crypte est construite en moellons de petit appareil, d'une belle couleur grise, plus longs qu'épais, reliés par un mortier rosé. L'arc doubleau repose sur un entablement légèrement apparent.

Une seule ouverture sur la façade sud-ouest éclaire cette magnifique pièce sobre, d'une prenante simplicité. Transformée en cave viticole, la crypte est dallée de carreaux brun-rouge.

L'église est voûtée partie en plein cintre, soutenu par un arc doubleau, renforçant les faiblesses ; partie en voûtes d'arête d'angle et coupée par un mur très légèrement maçonné épousant les sinuosités de l'ensemble. Les murs ont environ un mètre quarante d'épaisseur et comportent un double blocage avec pierres de taille, sous un revêtement de pierres et briques très divers, dont le mortier d'un joli rosé est de solide qualité. D'étroites et hautes ouvertures, certaines bouchées, apportent une lumière blanche et discrète. Le pavement est fait de galets ronds ; quelques bandes de pierre plus longues et plates marquent dès l'entrée, par la cour, des emplacements précis. Par une porte, on accède à une haute « tour-clocher » percée de meurtrières. La base rectangulaire s'élève, lourde et solide, jusqu'aux ouvertures des côtés, emplacement des  cloches,  autrefois.

Plusieurs fois transformée, l'église fut affectée aux usages les plus divers : remise, hangar, écurie. Une récente rénovation de la plus grande partie a redonné à l'ancienne église de campagne - à l'ancienne chapelle Saint-André - sa grandeur d'origine.

La tour celto-lygienne, la crypte, l’église sont les éléments premiers de cet ensemble.

Tous les propriétaires du fief apportèrent des modifications au fur et à mesure qu'ils relevaient les ruines des attaques, des sièges, des incendies.

On pense, alors et chaque fois, à réunir le tout, à « fermer » l'ensemble. De ce fait, l'épaisseur des murs est partout très irrégulière. Toutes les façades portent de grandes fenêtres qui furent tour à tour bouchées ou simplement réduites. Ici et là, des œils-de-bœuf bouchés, façonnés, remodelés. En plus d'un endroit, de larges ouvertures plus hautes que larges comportant des grilles de fer plat.

On entrait par-derrière, face au Mont Combe, par cette belle porte aux pierres magnifiquement agencées que fermait une grille ; les gonds sont encore là et aussi les pièces de garde.

A l’intérieur, on va de surprise en surprise. Plafonds aux caissons discontinus, large voûte bouchée et diminuée entre le vestibule et le salon. Pans de murs apparents face à rentrée de la crypte, un large et bel escalier conduit au premier étage. Éclairant les marches, une fenêtre regarde Faron, bel encadrement de pierres. Sur un premier palier, porte d'entrés dans le magasin voûté de la tour celto-lygienne. Sur toute la largeur du vestibule le long palier donne accès à ce qui était la salle des délibérations de la communauté de Toulon. Par ici, c'est dans « la grande salle » que toute la richesse du silence peut le mieux être goûtée. Au-dessus de l'église, une belle pièce voûtée. Tout à côté, les « magnaneries ». Comme aux greniers où la double dimension des murs est éclatante, ces hautes et grandes pièces témoignent des méfaits du temps et des gens.

À côté du château était « le Four ». Cette pièce robuste, aux murs épais, a été incorporée aux successives constructions appelées aujourd'hui «les  Marronniers».

Après la résistance opposée aux assauts et sièges des barbaresques, Guillaume de Tarente aurait dirigé la reconstruction des défenses de Toulon et relevé les ruines des enceintes fortifiées du Revest et de Val d'Ardène (12e siècle).

En 1374, Raymond de Montauban s'empare de Val d'Ardène.

De nombreux combats se déroulent en 1592, sans épargner la vieille demeure.  Le  duc  d'Épernon  s'empare   du   château,   y   capture   Honoré de Thomas qu'il ne remettra en liberté que moyennant une forte rançon.

François de Thomas avait 80 ans lorsque le duc de Savoie et le prince Eugène assiégèrent Toulon en 1707. Solide et distingué vieillard, il attendait l'armée ennemie dans sa maison.

Les hussards, en s'approchant, mirent le feu aux maisons voisines et l'arme au poing, se présentèrent à la porte pour la faire ouvrir. Sans s'émouvoir, François de Thomas dit à l'officier qui commandait cette avant-garde : « Tu feras bien non de me menacer, mais de me faire tuer ; sans quoi, dès que ton prince sera arrivé, je te ferai pendre. ». Peu après son arrivée, le duc de Savoie dit à François de Thomas : « Je vous sais bon gré de ne vous être pas méfié de mon arrivée. »

Le courage  surprenant   de   François  de   Thomas  le  fit   prendre   en grande estime par le prince Eugène qui, enfermé dans le château, n'eut plus pour son hôte fier et noble que des marques de déférente attention. (Nouveau Dictionnaire Historique, p. 530, tome VI, 1778.)

Commandé par Barville et Nisard, les sept bataillons portèrent pendant six heures les coups les plus redoutables aux ennemis retranchés dans la vieille maison. Ils enlevèrent la position ; les dégâts étaient considérables.

En 1793, les républicains attaquèrent la Garde Nationale cantonnée dans la vallée. Le Béal et les moulins furent l'enjeu de ces combats. Une fois encore, la demeure seigneuriale eut plus ou moins à souffrir de  ces luttes.

La nation acquit la Val d'Ardène comme bien d'émigré en 1794.

L'installation d'un hôpital pour la Marine préoccupe les édiles toulonnais dès 1793. Parallèlement, on songea à trouver un emplacement pour édifier un hôpital-hospice civil.

En 1795, l'aménagement du château du Val d'Ardène fut étudié. Des plans furent dressés. Diverses transformations étaient prévues. Les dispositions intérieures réclamées par les besoins du service montrent l'emplacement du fourrier, des blanchisseuses, du bureau du directeur. Un laboratoire d'analyses était projeté dans ce qui est aujourd'hui la cuisine de l'aile qui regarde Faron. Ce projet n'eut pas de suite.


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