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☥ Cultes et religions - L'Assomption, tableau de Pierre Le Roy en 1675



Source : extrait du mémoire de Charlotte Siat - L'assomption en Provence au XVIIe siècle - Aix-Marseille Université - Master II Histoire de l'Art moderne, spécialité Art moderne et contemporain 2013

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Le culte marial, très présent en Provence, s'intensifie au XVIIe siècle et nous pouvons le mesurer par la multiplication des vocables dédiés à la Vierge. Selon l'ouvrage de Marie-Hélène Froeschlé-Chopard121, ils seraient même cinq fois plus nombreux qu'au XIe et XIIe siècles.
La région se divise en deux principaux cultes : celui des saints de l'Écriture et le culte marial. Cependant, nous observons que selon les parties du territoire, ce dernier est plus ou moins illustré. En effet, la présence du culte marial s'intensifie nettement dans les lieux les plus isolés, où la nature domine. Cette constatation permet de mettre en relief l'importance du rôle protecteur que les habitants accordaient à la Vierge.

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Les Chartreux sont aussi à l'origine de la commande de la dernière œuvre de notre catalogue. Il s'agit des Chartreux de Montrieux, établis au Revest-les-Eaux. Ces derniers demandèrent en 1674 au peintre Pierre Le Roy de réaliser une Assomption pour l'église paroissiale Saint-Christophe alors en construction. Nous avons très peu d'éléments au sujet de ce peintre, il est vraisemblablement originaire de Provence, du moins rien ne le rattache à une autre partie du territoire. Le Roy effectue cependant le traditionnel voyage à Rome, où sa présence est signalée dans les stati anime (*) de 1664, à son retour il séjourne à Toulon et à Marseille. Il réalise deux œuvres pour la commune du Revest, une Assomption commandée pour l'église paroissiale en mai 1674, puis une Annonciation pour les Pénitents Blancs.

Lorsque nous prenons connaissance du prix fait pour l'Assomption, l'iconographie est strictement dictée au peintre. Pierre Le Roy répond à la commande en représentant, au bas, saint Jacques et saint Christophe de chaque côté du tombeau. Ce choix est explicité par les commanditaires dans le prix fait, en effet l'église paroissiale est placée, lors de sa construction, sous la protection de saint Christophe et de saint Jacques le Majeur, ils étaient de plus les saints patrons de la ville.


Saint Jacques le Majeur est l'un des douze apôtres du Christ, il fait partie des saints du premier millénaire, dont, nous l'avons vu, le culte est particulièrement présent en Provence au XVIIe siècle. Le peintre lui donne les attributs habituels : il est vêtu de ses habits de pèlerin, avec à la main un bâton et une besace. Bien que l'église du Revest soit placée sous son vocable, la présence de saint Christophe dans une Assomption est plus étonnante. Il est celui qui porte le Christ enfant sur ses épaules pour traverser la rivière, l'iconographie traditionnelle le peint sous les traits d'un géant. Pierre Le Roy ne prend pas ce parti, par souci d'équilibre de la composition probablement.

L'assomption de Pierre Le Roy

Photo : tous droits réservés Cécile Di Costanzo pour Les Amis du Vieux Revest


Le registre supérieur respecte lui aussi en tout point les directives du prix fait : le peintre fait figurer la ligne du paysage à l'horizon, au-dessus, la Vierge est assise sur un nuage de forme circulaire que plusieurs anges soutiennent. Pierre Le Roy insère également des têtes de putti à sa composition, au-dessus de la Vierge et sur le nuage. L’œuvre est signée et datée, LE ROY INVTOR PINGEBAT ANNO 1675.

Finalement le peintre en suivant les attentes des commanditaires, réalise une Assomption à l'iconographie et la composition singulière, puisqu'il ne fait figurer aucun des autres apôtres, qui sont selon les textes toujours présent lors de cet épisode.

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(*) NDLR : La locution correcte au singulier est en Italien "Stato d'anime" (au pluriel "Stati d'anime") ou en Latin Status animarum (singulier ou pluriel ).

Suite au Concile de Trente, en occasion des Pâques, les curés étaient obligés de rédiger ces documents, qui contenaient le journal, un recensement de la population de compétence de l'église, pour lui donner les sacrements et pour exiger les décimes. (Merci Alessandro de ces précisions)

 


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