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♒ Les eaux du Revest - L'eau du barrage




Texte de Charles Vidal, maire du Revest-les-Eaux de 1971 à 1995, paru en Septembre 1996 dans le Bulletin N°22 de la Société des Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène

 

Pour vérifier la solidité de son  mur de retenue,  le barrage vient d’être vidé avec un an d’avance. De  nombreux promeneurs ou curieux sont venus voir ce qu’était un barrage vide. Ils ont été surpris d’y trouver des traces de restanques, des ruines de vieux  murs, de cabanon, de maison  ou  du  « Colombier »,  le premier moulin d’autrefois, tandis que de l’eau surgissait par endroits comme des petites sources


La surprise était bien moindre quand Toulon ne disposait que du petit bassin de Saint Antoine et de l'eau du Revest. Chaque été le barrage était à peu près vide et il était  facile d'aller d'une  rive à  l'autre ce qui  permettait de dire: «J'ai traversé le barrage à pied ! ».


C'est en 1912 qu'il  fut construit et c'est tout une histoire qui a précédé sa construction.


Dans le vallon entre le village et les Camps sortaient différentes sources. Les deux principales « Le  Ragas » et « La  Foux »,  venues on ne sait d'où, paraissaient naître dans le fond du vallon. Elles formaient une rivière  (Le Las) doublée d'un  canal  (Le Béal) qui allaient tous deux se terminer à Toulon. Avec elles, naissaient aussi toute une vie, toute la beauté, toute la richesse de la vallée de  Dardennes avec ses jardins, ses moulins, ses forges, ses martinets, sortes de grands marteaux entraînés par le courant de 1'eau.


C'est là qu'en 1714 furent fabriquées les pièces de monnaie (Les Dardennes) qui permirent de payer la solde des soldats du Maréchal Tessé venus chasser le Prince Eugène de Savoie dont les troupes occupaient Toulon et aussi Le Revest. C'est en quittant la région, que, dans sa colère, le Prince incendia le village.

Il y avait aussi les « Bugadières », blanchisseuses dont on peut toujours voir quelques emplacements de bassins le long du Béal dans le hameau de Dardennes. ll était de  « bon ton » chez les Toulonnais aisés de faire laver leur linge au Revest. Agréable en été avec la lessive qui séchait à même la prairie, la vie des « Bugadières » était des plus difficiles en hiver, mais elles étaient courageuses, en vraies Revestoises qui avaient besoin de travailler puisqu'elles n'étaient pas riches.

 

Mais la vie ne serait pas la vie si tout était toujours beau et agréable. Un jour de 1721,  un navire amena la peste à Toulon et le linge sale des Toulonnais l'amena au Revest où seuls une cinquantaine d'habitants survécurent parmi les cinq cents que comptait le village.


Et puis la vie reprit. Vers le  milieu du  siècle dernier, ne  pensant qu'au  présent plutôt qu'à  l'avenir,  les Revestois vendirent « Le Ragas » et « La Foux » en échange de 50 000 Francs « germinal » qui permirent de construire le bâtiment qui allait abriter la mairie et l'école.


Rapidement  pleins de  regrets,  les élus essayèrent,  dans les années qui suivirent, de reprendre leur eau. Ce fut l'occasion de retentissants procès qui furent  tous  perdus. Toulon, devenu à son tour propriétaire, fit construire le barrage au début de ce siècle.


Quant au  Revest, ses sources du pied du mont Caume suffirent à l'alimenter jusqu’après la  seconde guerre mondiale où  l'augmentation de sa population et les nouvelles conditions de vie l'obligèrent à acheter à Toulon l'eau née sur son territoire.




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