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🏭 Industrie - Quel devenir pour Les Forges ?



Texte de Pierre Trofimoff paru dans le bulletin N°9 de septembre 1988 de la Société des Amis du Vieux Revest et du Val d'Ardène


Note : La reliure du bulletin archivé à la bibliothèque du Revest a perforé le texte et il faudra chercher à compléter les trous que je n'ai  pas devinés !!!


Tous ceux qui parviennent à Dardennes et traversent le hameau s'interrogent sur l'importante propriété qui se développe à l'intérieur des hauts murs carmins. C'est l'Enclos des Forges. Vidé de ses occupants. Les commentaires vont bon train sur les futures transformations qui pourraient y advenir.


Cette parcelle de terre appartenait au Seigneur de Dardennes et fut vendue et détachée du fief en même temps que les cinq moulins à blé et à huile, cédés  avec une partie de la seigneurie et juridiction haute, moyenne et basse à la ville de Toulon en 1640.


Après l'explosion du Martinet à poudre (1684) installé sur les terrasses au-dessous du château que cet établissement allait désormais "fabriquer de grosses ancres". Mais ce n'est qu'après 1720-1722 qu'il commença à produire à une cadence soutenue. Car la peste était passée par là et le sieur Le ... de Chassenay, arrivé dans la journée du 8 avril 1721, déjà malade, mourut le soir même. Il venait des Forges et Ateliers du Revest. En 1724, cette exploitation était en pleine activité. Des différends surgirent cependant entre les consuls de Toulon et M. Beauvais-Thomas, qui descend des de Thomas de Dardennes, l'intendant de la ... , Monsieur de Maurepas, ministre,  s'occupent de cette affaire et établissent mémoires sur mémoires.



La querelle du vin

C'est toujours la querelle des eaux qui est soulevée. M. de Beauvais-Thomas demande aux consuls de Toulon d'élever les eaux du canal de "quatre pouces au-dessus de ... d'eau, au lieu qu'il avait droit auparavant de prendre des arrosages ... fond du canal et il permit aux consuls pour faire cette réparation de prendre des pierres de taille et du sable dans ses carrières sans en rien exiger". On se mit d'accord, puis chacune des parties contesta avoir accepté. Il y eut d'autres querelles mêlées à cette affaire. La "querelle du vin" semble en avoir terminé et avoir permis un accord ... may 1725, comme en témoigne une lettre de M. Mehlon, intendant à M. de Maurepas, ministre. Le succès de cette fabrique fut attaché aux découvertes de M. Théodore Lefe ... qui trouva le secret de la fabrication des ancres avec plusieurs ... de fer battues ensemble. L'ancre battue ainsi ne se casse pas.


De 1709 à 1712, signalons que fut frappée ici la monnaie de six deniers de France, dite "la Dardenne". "L'usine de Dardennes", comme on disait volontiers au XVIIIe siècle, comprenait une affinerie, un grand martinet à deux foyers, un petit martinet à un seul feu; seize petites forges à bras, quatre petites forges de chantier également à bras.


Une affaire qui tournait bien

Lorsque les Forges marchaient normalement, elles employaient trente ouvriers. En pleine activité, "l'usine" pouvait fournir de 1200 à 1500 quintaux de fer, destinés en partie à la Marine royale, en partie aux industries privées. A lui seul, le grand Martinet pouvait fournir 200 quintaux d'ancres, d'essieux de charrettes, de plaques pour la papeterie.


Le combustible utilisé, principalement du charbon de bois, provenait surtout des forêts avoisinant Toulon. Une certaine quantité de houille, de 4 à 5000 hectolitres, était acheminée de Saint-Étienne, par le Rhône, et servait elle aussi à l'entretien des feux. Le grand Martinet à lui seul consommait 800 hectolitres de houille annuellement. Une famille a laissé son nom à l'exploitation des ateliers de Dardennes, la famille Vincent, mais un autre patronyme est lié à ces forges royales et impériales maritimes (1807), la famille Aguillon.


C'est un Aguillon qui a créé cet établissement, en construisant, dès 1747, les usines, bâtiments etc qui constituent les Forges, fonderies et ateliers de clouterie et d'autres ouvrages en fer fondu ou battu. C'est à leurs frais que les membres de la famille Aguillon établiront cette importante fabrique sur le sol appartenant à la ville de Toulon.


De gros problèmes se feront jour, dès que le citoyen Joseph Aguillon émigré dès l'arrivée des troupes de la République à Toulon, se mit à réclamer son poste de directeur des Forges de Dardennes, et surtout les quantités impressionnantes de marchandises, charbon, fer etc entreposées à Dardenne ou mieux encore, confiées à la garde d'un chef de magasin, à Toulon, près de la boulangerie de la Marine. Ces grosses quantités de marchandises furent, bien entendu, pillées et Joseph Aguillon en voulait la restitution ou le dédommagement, la Marine et la République en ayant fait usage d'après lui.


Ni l'ordonnateur de la Marine, ni le ministre de la Marine, ni l'administrateur municipal de Toulon, ne l'entendirent de cette oreille, tous dégagèrent leurs responsabilités, aucun inventaire n'ayant été fait tant par d'Aguillon que par ses représentants.


Tout le monde fut d'accord pour dire et redire au citoyen Aguillon, que son affaire serait examinée, jugée et close par les lois et seulement par les lois. L'entretien du canal des eaux, les industries similaires plus performantes installées dans les villes voisines, ne permirent plus à l'usine de Dardennes d'être rentable. Vers 1825, elle fut transformée en papeterie, la Forge avait vécu.


De ventes en ventes, un siècle durant, les locaux de la Forge furent transformés en locaux d'habitation, laiterie et une partie des bâtiments furent pendant la dernière guerre transformée en boulangerie par les troupes d'occupation.


A la libération, cet établissement militaire fut un des points forts de la résistance allemande. Jusqu'à ces dernières années, des locataires demeurèrent dans les locaux des anciens Maîtres des Forges.

Aujourd'hui, tout est vide, et de nouvelles destinations et transformations vont être apportées à ces locaux séculaires, historiques et vétustes.






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