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💬 Les Revestois racontent - La Sainte-Rose selon Pierre Trofimoff




Source :  Pierre Trofimoff in Bulletin AVR N°3 de mai 1987

 

Il n'a pas été plus  facile de retrouver trace de la vraie Sainte-Rose de Dardennes que de convaincre les autochtones que sainte Rose n'était pas la véritable, l'authentique patronne du hameau de Dardennes.

 

La Sainte-Rose en 1970

 

Avec la Saint-Pierre-es-Liens et la Saint-Christophe du Revest, Sainte-Rose est une des plus anciennes fêtes patronales de l'arrière-pays toulonnais. Sainte-Rose-de-Lima a détrôné la Saint-André depuis 1863.

 

Car c'est bien saint André qui fut de tout temps le saint vénéré de la vallée d'Ardenne. Les inestimables travaux du commandant Laflotte, publiés dans le Bulletin des Amis du Vieux Toulon de 1928 et 1929, le confirment. Une des premières chapelles qui ont existé avant la résidence d'état des évêques de Toulon, à la hauteur de Saint-Antoine (usine à Eaux de l'Ozone) était dédiée à saint André. Elle changea de nom et prit celui de Bonnefoi ou Boniface ou Bonnafé. Cette chapelle a été détruite dans les années 1965-1968. Elle se trouvait très exactement devant l'huilerie Saint-Antoine. Une des redoutes de la défense extérieure de Toulon, sur la rive droite du Las, aurait emprunté au voisinage de cette chapelle son nom de Saint-André. En 1926, elle faisait partie du domaine de Saint-André, alors propriété de Monsieur Rimbaud, actuellement "La Valtière Saint-André", propriété de l'amiral Vatelot.

 

Pour être plus précis, car jusqu'ici les explications données plus haut concernent des quartiers situés sur la commune de Toulon, il convient d'ajouter que l'actuelle chapelle du château d'Ardène, au-dessus du hameau du même nom, est dédiée à saint André. Ancienne chapelle du domaine seigneurial et consulaire de Dardennes, elle a été construite en 1560 par les seigneurs du lieu, les de Thomas.

 

C'est pour rendre hommage à la charité d'une vieille dame de la vallée et perpétuer son souvenir, que cette fête a été instituée après sa mort. Cette personne, très estimée dans le pays, avait laissé une somme d'argent dont les intérêts devaient être versés chaque année aux pauvres de la commune ; une autre somme d'argent devait servir à entretenir des religieuses enseignantes à l'école du Revest.

NDLR : Il s'agit de Rose Bourgarel, née Meifred, la vieille châtelaine que George Sand avait rencontrée en 1861 au château de Dardennes. Née en 1788 à Castellane en Haute-Provence, elle s'est éteinte à Toulon le 3 septembre 1868. C'est une aïeule de Pierre Trofimoff, et c'est sans doute la raison de sa discrétion à son égard. Voir sur le Revestou, George Sand au Revest et sur les Lignées revestoise, la fiche généalogique de Rose Meifred.

Différents endroits ont servi de décor aux festivités et manifestations de la Sainte-Rose. Avant le siècle, c'était souvent "sous les mûriers des Forges", dans le "pré des Forges" que se déroulaient les jeux et bals de la Sainte-Rose.

 

L'emplacement des festivités varia chaque année ou presque, suivant l'humeur des propriétaires sollicités par le Comité des fêtes, suivant aussi les possibilités des uns et des autres, propriétaires du terrain et membres du comité.

C'est ainsi qu'au gré des ans, cette fête s'est déroulée sur la terrasse du Paridon, célèbre café-restaurant bénéficiant d'une publicité toute faite par les nombreux gastronomes, danseurs et autres becs fins qui venaient là déguster le civet de lapin préparé de main de maître par Monsieur Blanc, du Café du Paridon.

 

C'est ici que venaient chaque année se réunir les actionnaires des moulins à huile, et c'est au cours de ce repas, que pas un ne voulait manquer, qu'étaient discutées et décidées les mesures propres à assurer une plus grande responsabilité ou les réparations nécessaires à la bonne marche du moulin.

 

Mais c'était aussi ici que la Sainte-Rose se déroulait de 1897 aux années 1900-1905. Le "Petit-Var" du 27 août 1897, nous donne le programme de la Sainte-Rose :

  • Le 28, aubades. Le soir, retraite aux flambeaux, salves de boîtes, ouverture du bal "qui durera toute la fête".
  • Le dimanche 29, l'après-midi, concours de romances avec dix francs de prix.
  • Le lundi 30, après-midi, concours de chansonnettes, avec cinq francs de prix.
  • Mardi 31, concours de boules au Café de l'Union, chez monsieur Meiffret, avec pour 1er prix, 10 francs et la moitié des mises, pour 2e prix, l'autre moitié des mises. Toujours chez monsieur Meiffret, concours de quadrette avec 20 francs de prix.

Le Café de l'Union se trouvait au pont de Saint-Pierre, à l'emplacement de l'ancien moulin à huile qui servit de garde-meubles pendant la dernière guerre et devint par la suite l'atelier de menuiserie de monsieur Cassar.

 

La fête de Sainte-Rose fut célébrée au fil des ans dans le bosquet de la propriété "La Paysanne", ancien moulin à huile, face au café-Restaurant du Paridon, puis devant les Forges (Madame Ruiz), puis devant la propriété "Les Jeannettes", sous la propriété Monteux. Ce fut alors la fin de la Sainte-Rose, avec les événements de la guerre 1939-45.

 

La reprise fut très rapide, elle se fit dès l'année 1945 et c'est à nouveau sur les terrasses du Paridon qu'allaient pendant plus de 10 ans se dérouler les plus belles fêtes que Dardennes ait connues. Dardennes revivait et la vallée toute entière se donnait chaque fois rendez-vous pour des fêtes encore plus belles, encore plus importantes et répondant toujours mieux aux aspirations d'une population toujours croissante et en attente de distractions plus élaborées.

 

La Sainte-Rose en 1953 selon Charly

 

Chaque fête était assortie de petites échauffourées, sans mal, amusantes même. Les forces chargées de la bonne tenue de la fête étaient les premières à en rire. Quelques incidents mineurs, mais dignes des pagnolades provençales survenaient de temps en temps.

 

C'est ainsi qu'une année avant la dernière guerre, de très bonne heure, un lourd camion de déménagement s'engagea en direction du château de Dardennes. Vers onze heures, devant Les Jeannettes, les installateurs du parquet de bois s'affairaient aux derniers coups de marteau, quand le lourd véhicule pointa son avant. Le chauffeur, qui avait dû recevoir des ordres pour regagner Toulon au plus vite, crut bon de faire semblant de s'avancer sur les belles planches bien jointes. Une mini-échauffourée se prépara, on jura, on alla même jusqu'à se coucher devant les roues du camion, on parlementa, on discuta ferme, fort : un compromis fut trouvé avec l'aide des autochtones que l'éclat des voix et des vociférations des uns et des autres avaient fait accourir. On alla chercher la clé d'un vieux portail qui permettait d'accéder au chemin du Plan Cigalon, on découvrit le "sésame" et tout finit par s'arranger. Mais de part et d'autre, on avait eu chaud. Les plus inquiets avaient été les membres du Comité des fêtes qui ne savaient plus comment sauver leur plancher. Installée sur le béal, un peu en hauteur, ce fut une fête très réussie et dont les mémoires parlent encore.

 

Les mémoires parlent aussi de la voix de ténor de Monsieur Ginette qui, lors de la fête qui se déroula devant l'enclos des Forges avant la dernière guerre, au moment du départ du bal du dimanche après-midi, avait tellement arrosé son apéritif qu'il fut impossible de le faire taire. On dut aller le chercher et l'emmener faire une promenade !

 

Aux dires des habitués, des danseurs et des plus anciens du pays, ce fut sur les terrasses du Paridon que se déroulèrent les plus belles fêtes. Le cadre, les platanes, la fraicheur de la rivière et tout un passé de réjouissances gourmandes, encanaillées et anciennes, concouraient à faire de ces réjouissances les plus belles distractions des habitants, certes, mais aussi de ceux qui les découvraient.

 

Tous ceux qui se souviennent, tous ceux qui ont participé à ces fêtes se doivent de ne rien oublier, mais surtout doivent avoir une pensée toute amicale pour les présidents et les actifs collaborateurs de cette succession de réjouissances pendant plus de cent ans. C'est cela la mémoire. Ces présidents seront un jour, pour avoir su maintenir la tradition, sur le plus beau livre d'or de la mémoire collective, la mémoire de tous. Ils se nommaient Blanc, Occeli, Pomet, Artaud, Valevalle, Carbognani ...

 

Signalons pour être complet que dans les années 50, une chanson écrite par un enfant du pays, Robert Martin (c'est un pseudonyme), éditée, fut chantée et exécutée par l'orchestre Dédé d'Ollioules. N'oublions pas non plus le célèbre impresario qui amena sur l'estrade des frais ombrages du Paridon Andrex, Rellys, Ray Ventura, Andrée Turcy ...  Il s'appelait Jante'x.

 


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