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Revue de presse

🖋 1918 - 2018 Centenaire de l'armistice - Le 111e RI d'Antibes régiment martyr, régiment maudit



De nombreux soldats revestois ont accompli leur service armé dans le 111e régiment d'infanterie de casernement à Antibes pendant la Grande Guerre. Quatre de nos Poilus revestois du 111e RI ont reçu la mention Mort Pour La France : Laure, Morland, Sauvaire et Divizzia. Augustin Hermitte, y était aussi, qui fut fait prisonnier à Saint-Mihiel en novembre 1914.
Deux accusations infamantes furent portées au 111e RI.
La première sur son comportement à la bataille de Dieuze en août 1914, la seconde à l'occasion de la bataille de Verdun, lors du massacre du bois de Malancourt en mars 1916.
Dans les deux cas, les officiers du commandement ont fait porter aux soldats la responsabilité de leur propre échec et de leur propre incompétence. Se faisant même l'écho de la propagande allemande qui prétendait que les troupes s'étaient rendues sans combattre. Et répercutant cette "fake new" vers la presse française

Dieuze 20 août 1914

A partir du 10 août 1914, la 2e armée française passe la frontière de 1870 et pénètre en Lorraine. Sur un front de 50 km, les Français envoient au front division après division. Le premier affrontement, le 14, cause déjà des pertes sévères,  mais les Allemands reculent, et l'avance se poursuit, rapide, jusqu'à Dieuze que des informations disent dégagé. Mais les renseignements sont faux, les Allemands on tendu une embuscade géante et bombardent les troupes françaises depuis les collines environnantes dans un enfer de feu et de métal. La 6e armée allemande est incomparablement supérieure en position, en nombre, en puissance de feu : nos canons de 75 n'ont ni le "calibre" ni la portée nécessaire à la réplique. C'est notre 2e armée toute entière qui encaisse des pertes catastrophiques et fait retraite dans un désordre total. Le 111e régiment d'infanterie d'Antibes enregistre 70% de pertes ce jour-là. Qui se monteront à 89 % pour les 45 premiers jours de guerre.


Louis Justin Laure, Revestois Mort Pour La France, a été tué à l'ennemi à Dieuze, le 20 août 1914. Il avait 23 ans.

 

Louis Justin Laure, Mort pour la France

 

 

Le commandant en chef des armées, le Général Joseph Joffre réfute l'erreur stratégique et refuse d'endosser la responsabilité de cette sévère défaite. Il téléphone le 21 août à 19h à Adolphe Messimy, ministre de la Guerre:

L'offensive en Lorraine a été superbement entamée. Elle a été enrayée brusquement par des défaillances individuelles ou collectives qui ont entraîné la retraite générale et nous ont occasionné de très grosses pertes. J'ai fait replier en arrière le 15e Corps, qui n'a pas tenu sous le feu et qui a été cause de l'échec de notre offensive. J'y fais fonctionner ferme les Conseils de Guerre.

Le 24 août, Auguste  Gervais,  sénateur de la Seine, publie dans Le Matin, grand journal national, un article de commande et de propagande qui reprend et amplifie le communiqué du ministère de la Guerre : les soldats du 15e  corps, (et nommément la 29e division dont le 111e RI) sont accusés "d’avoir lâché prise devant l’ennemi" .

 

Le Matin

 

L'article de Gervais fait grand bruit dans toute la France, et soulève une vague de protestations dans le midi, comme à Hyères où le maire interdit la distribution du Matin sur sa commune.

Certes, le gouvernement publie un demi-démenti et adresse un blâme au journal le Matin, mais la réputation des régiments méridionaux est entamée : c'est ainsi que de nombreux soldats blessés ne parviennent pas à se faire soigner dans les hôpitaux de Verdun, en raison de leur appartenance au 15e corps.

Pourtant le 111e aura "fait preuve d’un héroïsme sans pareille d’abord en défense à Dieuze, ensuite en participant à la reconquête de Lamath et de Xermaménil puis à la victoire de Revigny-Vassincourt durant la gigantesque bataille de la Marne." La bataille de la Marne est inscrite sur son drapeau.

 

Drapeau du 111e

 



Malancourt 20 mars 1916

En mars 1916, à Verdun-Ouest, les Allemands décident de s’emparer du bois de Malancourt pour conquérir le plateau de la cote 304 où sont positionnées les batteries françaises qui les bombardent. Les 4/5 du bois, ceux défendus par les 6 compagnies du 111e, ne comprennent aucun élément fortifié. Après une demi-journée de bombardements intenses, les Allemands font une percée par le chemin forestier au milieu des 1500mètres de tranchées défendues par le 111e et prennent à revers les survivants du bombardement. 2600 Français sont mis hors de combat avant la fin de l'après-midi. La propagande allemande annonce que 2900 Français non blessés se sont rendus sans combattre. Une accusation infamante que reprend textuellement le général de la 29e Division qui – pour ne pas reconnaître la supériorité évidente de l’ennemi – va accuser ses soldats de trahison en promettant à ceux faits prisonniers sans avoir été blessés d’être traduits en Conseil de guerre à la fin des hostilités.

 

Carte Bois de Malancourt

 

Le général Pétain – qui commande alors à Verdun – s’inscrira en faux contre cette accusation infamante en écrivant en 1929 dans son ouvrage « La bataille de Verdun » :

L’ennemi devait ce premier succès réel sur la rive gauche à la brillante conduite de la 11e division bavaroise, unité d’élite, dont l’irruption soudaine avait surpris nos troupes.

Malgré ce démenti et les pertes de l’ennemi précisées dans les archives allemandes, c’est cette accusation sans fondement qui a prévalu jusqu’à nos jours notamment contre le 111e.

Sur les 2 400 hommes valides du 111e à la date du 10 mars, il n’en reste plus que 800 deux semaines plus tard à la relève.

En 1922, pourtant le drapeau du 111e sera déposé au musée de l'armée à Paris et le journal L'éclaireur de Nice relate le 4 mai :

"la cérémonie réparatrice, hommage éclatant de vénération, de reconnaissance patriotique" qui se tint à la gare d'Antibes lors du départ pour Paris du drapeau du 111e pour qu'il "occupe, à côté des glorieux emblèmes du XVe Corps la place d'honneur qui lui est due".

 

Éclaireur de Nice 4 mai 1922

 

Le 27 octobre 2017, à la caserne Gazan d'Antibes, le chercheur en sciences sociales André Payan-Passeron prononce une allocation où il expose le résultat de ses recherches sur le 111e RI et réhabilite enfin l'honneur bafoué de ce régiment martyr qui, à la fin de la guerre, aura enregistré près de 5700 tués, blessés, disparus et faits prisonniers.

 

Sources
La légende noire du 15e corps d'armée : http://memoires-de-guerres.var.fr/_depot_ad83/datas/ark_cms/_depot_arko/articles/5929/recueil-de-documents-sur-le-xve-corps-d-armee-concu-par-maurice-mistre_doc.pdf
Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=111e_r%C3%A9giment_d%27infanterie&oldid=149022114
 http://boisdemalancourt.monsite-orange.fr/




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