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☥ Cultes et religions - Balade autour de deux oratoires




La Société des Amis du Vieux Revest a publié en 1988, dans son bulletin n°9, un article de Charles Aude sur les Oratoires au Revest. Cet article nous a donné l’envie d’en savoir davantage sur ces petits édifices chers aux Provençaux. Témoins d’un passé qui nous échappe et qui nous enchante toujours, comment ont-ils résisté au temps ?

C’est à travers ces témoignages que nous allons découvrir comment, par leur entretien et leur restauration, on a pu les sauver de l’oubli.

Charles Aude cite : «  Il y avait au Revest deux oratoires situés au quartier du Pilon d’où partaient jadis des processions vers la chapelle Notre-Dame-du-Peilon ». Cette chapelle aujourd’hui en ruines avait un deuxième nom : « Notre-Dame-de-Pitié ». Elle se situe sur la colline de Costebelle. Ces deux oratoires sont ceux de « Notre-Dame » et de « Saint-Christophe » que l’on peut toujours admirer aujourd’hui. Ils sont distants d’une dizaine de mètres l’un de l’autre et de part et d’autre du chemin des Écoliers, en contrebas de la RD 846 (route de Toulon), à l’entrée du chemin qui mène à la propriété MASTABA.

Un texte d'Émile Roché

L’oratoire Notre-Dame est au sud de l’oratoire Saint-Christophe qui lui, se dresse au pied du talus de la route du Général De Gaulle (route de Toulon), l’extrémité du pilier arrivant au niveau de cette route.  

L’originalité de l’oratoire ND tient à sa niche en forme d’ogive brisée qui se relève presque en pointe et sa toiture en briques plates avec rebords. Il a été restauré en 1938 : de cette époque pas de son de cloche, mais en 1970 à la suite d’un éboulement ayant entraîné la démolition du toit il a fallu le restaurer.

Assez rapidement, après une démarche faite auprès de Monsieur le Maire, la réparation a été confiée à M. Marcel Confetti qui lestement en Maître Maçon a fait disparaître le toit et a réparé le pilier et la niche. Mais au moment du remontage du toit, il s’est gratté la tête et en homme de bon sens a voulu avoir toutes les garanties de reproduction à l’identique.

 

J’habite au voisinage de l’oratoire et M. Confetti est venu me demander si je me rappelais de la forme exacte du toit. Rien de plus simple : sur le champ je lui ai fourni une vieille carte postale du lieu où figure l’oratoire ; mais pour mieux aider notre maçon à distinguer les détails de l’architecture, je lui ai confié un tableau d’assez bonne dimension qui le reproduisait en grand.

 

Là, la scène est devenue charmante : en pleine nature, le tableau suspendu dans l’olivier voisin, M. CONFETTI, avec tout son talent (comme le peintre !), a fait renaître l’âme de l’oratoire !

Et depuis l’oratoire Notre-Dame a repris une deuxième jeunesse : apprécié par les passants, on y voit souvent des personnes en traitement à la Post-Cure qui montant au Revest s’arrêtent pour y faire leurs dévotions ou simplement mettre quelques fleurs des champs accrochées au grillage de la grille en croix de la niche.

 

Oui, au grillage, car la grille ne suffisait pas à la protection des jets de pierres : pendant longtemps les gamins s’amusaient à lapider les statuettes. Aussitôt elles étaient remplacées par les soins de bonnes gens, sans croyance particulière, mais qui ne supportaient pas une niche vide. Depuis une dizaine d’années ces pratiques ont cessé à l’arrivée d’un voisin, M. Thomas qui s’est mis à maintenir fleurie la niche de l’oratoire.

 

Pour le 15 août, Notre-Dame avait droit à de petits pots de fleurs suspendus à la grille ; il a même remplacé la statuette de la Vierge (la dernière sauvée) par une plus grande et depuis l’oratoire a été respecté.

Parfois on voit un peintre avec son chevalet ou des promeneurs qui prennent des croquis.

Pour les riverains, l’emplacement de l’oratoire gêne un peu le passage des voitures, mais on doit respecter celui qui était avant nous et qui fait partie de notre patrimoine.

 

L’oratoire Saint-Christophe, lui, a été totalement reconstruit. Déjà en 1935, dans « Zigzags dans le Var », en parlant de cet oratoire Louis Henseling faisait part de son état : « Au bord du chemin conduisant vers ce vieux sanctuaire, il est à moitié démoli ». Nous habitons à proximité de l’oratoire depuis 1960 et nous l’avons toujours vu dans cet état.

Il a été reconstruit sur son pied d’origine. C’est un pilier en pierres bâties qui se distingue par ses trois ouvertures : au sud une niche ogivale de taille moyenne avec grille, contenant la statuette du saint. Au nord une grande niche ogivale avec grille et à l’Est une autre niche sans grille mais pratiquée à portée de main : on a coutume de dire que cette ouverture était faite pour y entreposer de l’eau ou du pain pour les pèlerins.

 

Il n’y a pas de toiture, mais un dessus plat ; une croix de fer ancrée surmonte le pilier.

Comment en est-on venu à la restauration ?

Dans les années 1970, la famille De Decker, alors locataire de la maison du Mastaba, pendant les vacances avait invité le Commandant Victor Pygillem. M. Échevin, propriétaire de Mastaba, pensait souvent lancer une action pour remonter l’oratoire ruiné, et l’occasion s’est présentée à la venue du Commandant dans nos terres. Étant délégué des oratoires des Pyrénées Orientales, il s’est de suite intéressé à notre oratoire et avec M. Échevin, ils ont élaboré un projet de restauration.

 

L’oratoire a été terminé en 1973 et a été baptisé Saint-Christophe en héritant d’une belle statuette sculptée par MM Botto et Dionisi.

Le 21 juillet 1973 en présence du Maire et de nombreuses personnalités, l’abbé Eude, curé du Revest, bénit l’oratoire.

Remercions les artisans de cette restauration M. Échevin, Mme De Decker née Pyguillem, le Commandant Pyguillem, MM. Fiore et Graziani (excusez moi si j’en oublie).

 

Puisque cet article ne veut être qu’une « Balade autour de deux oratoires », je peux me permettre et revenir dans les années 1950. Deux oratoires situés face à face à une dizaine de mètres de part et d’autre d’un chemin, c’est assez surprenant : l’un est ruiné, en contrebas de la route du Général De Gaulle, le remblai arrivant au pied de l’oratoire comme s’il menaçait de la recouvrir, conséquence des travaux de la construction de la route RD 846. L’autre en bordure du chemin avec des proportions identiques, le pilier de même construction en bon état.

Tout laisse à penser que par le passé, le premier oratoire ruiné a été abandonné et que le second a été édifié pour le remplacer, lui prenant son nom.

 

Maintenant que les deux oratoires sont en bon état, naturellement ils ne pouvaient pas avoir le même saint et voilà comment N.D. de Pitié est devenu Saint-Christophe : mais ce n’est qu’une supposition et elle n’engage que moi : il n’est pas défendu de rêver !

 

Sources : - bulletin n°9 des A.V.R.,

  • lettre de Marius Echevin du 4/6/1972,
  • l’essai d’inventaire des oratoires du Var, de L. Henseling et P. Irigoin,
  • l’inventaire des oratoires du Var, de Louis Janvier (1982),



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