🏡 Le hameau des Olivières - Ainsi fut abandonné le hameau des Olivières
Source : texte de Claude Chesnaud, à partir des livres La Provence souterraine (de Édouard Alfred MARTEL - 1930) et Le Las : une rivière dans la ville (A. J. TARDY, Philippe MAUREL, Paul COURBON et Thierry LAMARQUE - 2008)
Édouard Alfred MARTEL (1859-1938) était un géographe qui fut le premier spéléologue français. Ses théories sur la circulation des eaux souterraines expliquèrent la propagation de certaines épidémies et mirent en évidence l’obligation de règles d’hygiène des sources d’eau ; en 1902, une loi, inspirée par ses thèses, fut votée et porta son nom.
Dans « La France ignorée – La Provence souterraine », publié en 1930, il décrit notre région et son sous-sol, plus particulièrement le Grand Cap, le Ragas et les Olivières. Selon E. A. MARTEL : « Les Olivières est un groupe de maisons où commence la ravine sèche, dans le flanc droit de laquelle s’ouvre le Grand Cap /… / Le Ragas de Dardennes est lié au grave problème de l’alimentation en eau potable de Toulon. »
André Jean TARDY, ancien ingénieur en chef au service des eaux de la ville de Toulon, est devenu l’Historien référent du Barrage du Revest. Dans sa communication « L’alimentation en eau potable de la Commune de Toulon », il nous apprend que le conseil supérieur d’Hygiène publique imposa, autour du Barrage, la construction d’un canal de colature qui devait empêcher l’accès, dans ce bassin, des eaux de ruissellement ou des eaux d’infiltration les plus superficielles.
Ce conseil interdit d’épandre de l’engrais humain sur les coteaux qui entourent le réservoir, oblige l’établissement d’une clôture rendant impossible l’accès au réservoir à l’homme et aux troupeaux, demande l’achat et la fermeture du hameau des Olivières (photographie 1) et commande de murer l’entrée du Petit Ragas des Olivières et les fissures environnantes.
Revenons à la publication « La France ignorée ». E. A. MARTEL précise qu’il a été membre de ce conseil qui a requis les précautions ci-dessus en 1911. Il écrit aussi que ces mesures, dont les départs de tous les habitants du hameau des Olivières, se révélèrent médiocres. Le fossé de colature fut aussi jugé inefficace. Ce conseil avait « objecté que les eaux du Barrage seraient polluées par les poussières de la vallée, les ruissellements (ou infiltrations) du village du Revest, voire même par les bêtes mortes que les pâtres continuent à jeter dans les ragas du Grand Cap, de Morières, des Oliviers, etc. » Dès le 15 octobre 1914, Toulon dut donc adopter le procédé Rouquette (javellisation par l’hypochlorithe de chaux) pour l’épuration de ces eaux.
En 1925, l’artillerie transforma les Olivières et la plaine des Selves en champ de tirs. Nous avons relaté cela dans le Bulletin n°46 de mai 2007. C’est le rapport établi par les militaires qui nous apprend que « Le hameau des Olivières, bien que partiellement en ruine, sert encore de refuge aux bûcherons et carriers. »
Aujourd’hui, le hameau des Olivières est totalement ruiné. Il respire le mystère des âmes parties. Un grand chêne, plusieurs fois centenaire, vous accueille sur le chemin d’entrée. Mais depuis une trentaine d’années, cette vigie observe une décharge qui s’approche lentement et sûrement.
C’est l’ouvrage « Le Las : une rivière dans la ville », publié en 2008, et réalisé par les défenseurs de la Nature, A. J. TARDY, Philippe MAUREL, Paul COURBON et Thierry LAMARQUE, que nous allons feuilleter maintenant. Page 47, les auteurs présentent « La décharge de du vallon des Olivières ».
Une photographie montre le talus de cette décharge qui progresse vers le hameau des Olivières. En légende, nous pouvons lire : « Quelques centaines de mètres en aval, la Retenue de Dardennes alimente Toulon en eau. Et l’on sait que les terrains karstiques favorisent l’infiltration … »
L’analyse des dangers et les propositions faites par les auteurs :
« Les risques de contamination du Barrage de Dardennes, par transfert des eaux de surface depuis les points d’infiltration de la déchetterie sont grands. Les eaux de pluies ruissellent sur cette zone et s’infiltrent dans le karst, aucun réseau de collecte n’a été aménagé ni raccordé à des bassins de confinement. On distingue au pied du talus des coulées de boue issues de la décharge qui rejoignent le karst situé à côté. Cela permet de supposer un important lessivage du sol. Un traçage est nécessaire au vu de la quantité des déchets non inertes qui y sont stockés. Nous ne relayerons pas les rumeurs sur ce qu’auraient vu certaines personnes en termes de rejets très sensibles. Ne serait-il pas opportun que la collectivité diligente des études par carottage en profondeur, afin d’étudier avec précision la nature des dépôts ? Il faut rappeler que nous sommes très proches du captage et de la Retenue de Dardennes. Sur ces terrains karstiques, l’infiltration est maximale. »