⛏ Carrières et mines - Route des carrières
Source : Roland Vernet in Bull. AVR 34 de février 2003
Au nord du Revest, s'ouvre une brèche béante dans le flanc du plateau calcaire. C'est la carrière du quartier Fiéraquet. Vous l’atteignez en empruntant la route de Signes, goudronnée jusqu'au stade de la colline, puis en suivant la route de Fiéraquet, poudreuse, dépourvue de revêtement bitumeux, sauf dans les premiers cents mètres creusés de nombreux nids de poule. Arrivé au point le plus haut, après les tas de granulat, vous débouchez sur une large et belle route goudronnée qui sort de la carrière, emprunte vers l'est une large et profonde tranchée que scie le chaînon calcaire puis enjambe le ravin du Cierge, passe au pied de l'ancienne carrière de marbre traverse le plateau de Tourris pour rejoindre la route CD 46 au col "des chênes". Si la portion allant du Revest à la carrière de Fiéraquet connaît peu de circulation, par contre la section qui dessert la carrière de Fiéraquet offre un ballet incessant de camions aux vitesses souvent surprenantes. Mais avant, quel était le cheminement de la pierre extraite de cette carrière et quels problèmes se posaient alors ?.
La route de tous les dangers
La route de Signes était l'unique voie d'accès à la carrière. Entre le plateau de Tourris et le quartier de Fiéraquet, existe le profond ravin du Cierge, si facile à franchir maintenant qu'on ne sait plus qu'il existe si l'on n'est pas à pied. Une route empierrée reliait Fiéraquet et les deux petites carrières (dont une de marbre) de la rive droite du ravin. On peut encore accéder à ces carrières à partir du Chemin des Turcos. La route s'arrêtait là. Sur l'autre rive, rien ; de gros travaux auraient été nécessaires que rien, pour I'heur, ne justifiait. La carrière de marbre et la carrière de Tourris pouvaient évacuer le produit de leur extraction par une route privée (domaine de Gasquet) vers le col de Tourris. C'est pourquoi les camions desservant la carrière de Fiéraquet, après avoir pris la route de Signes (baptisée, récemment, chemin de Baboulène) devaient traverser Le Revest, puis rouler sur le CD 846 pour atteindre Toulon et La Valette, causant de facto d'importantes nuisances aux riverains.
Une situation insoutenable.
Déjà, du temps de l’exploitation de la carrière des Crues (quartier du stade de la colline) et de la carrière Vettier, ouverte en juin 1964 à Fiéraquet, les camions des carriers perturbaient la vie du village par leur incessant trafic. Le 24 décembre 1968, monsieur Robert Pérone, habitant "le Grand Chêne,, au Revest, se plaignait au maire de la commune dans les termes suivants : "Cette nuit, à 2h40, les premiers camions ont commencé à passer...." Puis vint la SOTEM (Société de Terrassement et Mécanique) qui augmenta l'exploitation de la carrière de Fiéraquet dès 1971.
Levée de boucliers.
Le passage des camions à travers l'agglomération et sur le CD 846 s'accrut au point de rencontrer une vive opposition des villageois et riverains pour les multiples perturbations qu'ils subissaient journellement. Leprésident du Syndicat d'Initiative, monsieur Royer, se fit l'avocat des nombreux plaignants et en appela au député le général Pouyade, le 6 mai 1970. Il faut dire que le Syndicat d'Initiative s'était engagé dans le mouvement qui exigeait une voie d'évitement, associé au Syndicat Varois de Défense contre les Nuisances des Carrières et pour la Protection des Sites (président : M. Jean Verne , secrétaire général : M. Armand Lacroix).
Nuisances journalières
"Cette situation, écrit-il, est signalée à l’administration depuis des années ; elle s'aggrave sans cesse aux dépens de la sécurité et de la tranquillité de tous. " Il énumère les griefs : "un trafic intense toute la journée, une partie de la nuit, et particulièrement aux heures les plus matinales ; le gabarit du matériel utilisé occupe souvent la totalité de la largeur des voies empruntées, notamment CD 848 du village au carrefour de la Ripelle et chemin de Signes ; la longueur des semi-remorques de 35 T ( de plus en plus nombreux) ne leur permet pas, dans les virages, le moindre respect du code ; la plupart des camions sont en état apparent de surcharge ; les bennes ne sont pas étanches et laissent fuir une partie de la cargaison sur la chaussée ; les chargements pulvérulents, n'étant ni aspergés ni bâchés, sont soulevés par le vent et vont se déposer sur les chaussées, sur les propriétés riveraines, sur les autres usagers. Chaque nouveau passage soulève la poussière antérieurement répandue sur la route, la végétation est recouverte d'une pellicule minérale ainsi que les autos suiveuses ); les conducteurs de deux roues sont aveuglés. Cette accumulation de matériaux sur les chaussées peut provoquer le dérapage des cycles et rend tous les freinages hasardeux.....Une mention toute particulière doit être faite au camion de couleur verte assurant le transport de sable fin de la carrière Vettier à l'usine d'enrobage de Malvallon. Il circule journellement en surcharge évidente, les tas de sable sec dépassant largement la hauteur des ridelles."
Mobilisation de toutes les énergies.
Monsieur Royer en appelle à tous ceux qui peuvent intervenir pour dénouer cette situation ; ainsi, il rappelle à Monsieur le colonel Carré, dans une lettre du l0 juin 1970, qu'un car a évité de justesse une collision avec un camion. Il demande que des mesures soient rapidement prises pour que soient limitées les nuisances, tout au moins dans un premier temps : respect des tonnages (arrêté municipal du 6.2.69 : la limitation de tonnage sur la Route de Signes (celle qui va vers le stade) est fixée à 15 tonnes par camion, pour évacuer un volume fixé à 200 000 tonnes par an) ; interdiction de circulation de poids lourds de 22 h à 8 h sur tout le CD 846 ; vérification des tonnages transportés ; contrôle de l'étanchéité des bennes ; aspersion du bâchage des cargaisons pulvérulentes sur CV 3, sur CD 846, sur CD 46 du Revest à Toulon et à La Valette ; obligation pour toutes les carrières de posséder une installation permettant l'aspersion au départ de leur établissement." Le président du Syndicat d'Initiative plaide la cause avec persévérance, en appelant à toutes les autorités susceptibles d'apporter une aide efficace. Ce sont le député Pouyade, qui s'adresse au préfet R. Faugère ; le président de la Délégation du Var pour la Protection de la Nature, monsieur Paul Guerrier, dilecteur du C.E.G.(collège d'enseignement général) d'Ollioules ; le V.A.E. de Scitivaux de Greiche, préfet maritime de la 3ème région ; le colonel Carré, conseiller municipal du Revest ; monsieur René de Mostuejouls, responsable d'exploitaton de la carrière de Fiéraquet. Certes, les problèmes peuvent être atténués par le respect de la réglementation mais le charroi n'en continuera pas moins. Aussi faut-il envisager une solution radicale : faire passer les camions par une voie détournée.
Une nécessité absolue d'ordre public
La municipalité cherche une solution La municipalité s'est très tôt préoccupée de la situation créée par les carrières. Dès 1956, elle demandait aux autorités de tutelle une nouvelle route qui épargnerait la tranquillité des Revestois. Le 11 novembre 1967, un rapport était établi par le Conseil Municipal. "Conscients des inconvénients créés par les carrières dont Le Revest est entouré, certaines à proximité des habitations et du barrage de Dardennes, avec pour résultat "poussières, tirs de mine avec tremblement au sol, ébranlement des maisons, destruction du site, trafic de camions trop important par rapport aux routes existantes d'ou encombrement et danger", les conseillers proposent "regroupement des carrières existantes sur des terrains communaux situés au nord de la commune ; interdiction d'ouverture de nouvelles carrières en dehors de cette zone ; création d'une route prolongeant celle de Tourris vers Fiéraquet et rejoignant celle d'Évenos". (compte-rendu d'une séance de travail adressé aux autorités administratives et politiques du département, communiqué par le docteur Ch. Vidal, adjoint-délégué, à monsieur le président du syndicat d'initiative).
En attendant, monsieur le Maire A. Sauvaire a interdit la descente des camions sur la route du barrage ( lettre de monsieur Pérone Robert du 24 décembre 1968 ).
Un conseil municipal favorable à la route
Ouvrir une nouvelle route représente bien des démarches, longues et onéreuses ; il va falloir procéder à des expropriations, à des accords avec les carriers de Tourris, engager un lourd financement, convaincre les carriers de Fiéraquet qu'ils ont intérêt à souscrire à cette nouvelle option. Il faut du temps. La situation empirant, la population s'impatiente. Monsieur le Maire reçoit courrier sur courrier de la part. de monsieur Royer. Enfin, dans sa lettre du 13 mars 1970, monsieur A. Sauvaire, maire, annonce à monsieur Royer que le Conseil a procédé à l'inscription de cette nouvelle voie au 6ème plan et "est intervenu énergiquement auprès des services pour faire reconnaître l'utilité de cet accès au point de vue départemental et non communal."
Le 14 janvier 1972 (voir journal du 29 janvier), une délibération était prise par le conseil municipal chargeant les Ponts et Chaussées de la préparation du projet et de la surveillance des travaux de la route de dégagement Fiéraquet-Tourris, si toutefois les discussions en cours permettaient sa réalisation. La construction de cette route était liée, en effet, à la location aux carriers des terrains municipaux nord-est de Fiéraquet. Le maire avait fait remarquer quel avantage représentait la route, à la condition que la commune n'engageât aucun frais.
Le 9 juin 1972, les 13 conseillers présents (sur 17) étudiant une fois de plus la question de la création d'une route nouvelle pour les carriers manifestaient, en majorité, une opinion favorable.
Mais pas d'amodiation, pas de route.
La municipalité veut bien une route nouvelle mais ne veut pas gréver son budget. Qui paiera ? Elle exigera de celui des carriers qui remportera le marché de prendre à sa charge la construction de cette voie d'évitement. Or, si tout le monde est d'accord pour que le village soit mis à l'abri du trafic des carrières, l'idée de louer des terrains communaux à un exploitant suscitent des opposition,s catégoriques tout au moins de vives inquiétudes. En effet, aliéner une partie du territoire communal au profit d'un particulier hérisse le poil; ouvrir une nouvelle carrière c'est accentuer la défiguration d'un rare paysage sur lequel s'appuie le village; c'est aussi augmenter les nuisances tant visuelles que sonores sans parler d'une intensification du trafic sur Tourris et du dépôt de fines particules minérales sur la végétation d'alentour; qu'adviendra t-il de la nappe phréatique ? et la chasse sera compromise sur ces parcelles cédées. On voudrait bien la nouvelle voie mais sans extension des carrières. Certains même suggèrent purement et simplement de les fermer, tout au moins que la S.O.T.E.M, en place à Fiéraquet, épuise son terrain sans possibilité d'extension. Déjà la carrière des Crues ne fonctionne plus, comme celle de Malvallon d'ailleurs. L' Association pour la Protection des sites abonde dans ce sens. Et pourtant cette carrière est d'un profit certain pour les finances municipales. C'est quasiment la seule industrie de la commune et il semble bien difficile de se passer de cette manne financière. Les carriers frappent à la porte car l'affaire est bonne.
Les Amendes suscitent des convoitises
Ce ne fut donc pas tâche facile pour la municipalité que de choisir celui des candidats qui lui semblait le meilleur. Ils étaient nombreux qui voulaient ce gisement de grande qualité : le terrain communal des Amendes était au centre de toutes les espérances. Non seulement le carrier devait offrir des avantages pécuniaires à la commune, construire la route sous peine de se voir refuser I'amodiation, mais aussi se plier aux conditions de protection du site : changer l'orientation du front de taille de façon que la carrière soit en partie masquée, limiter les nuisances sonores, limiter le tonnage d'extraction annuelle pour un bail limité dans le temps (il sera de 25 ans), sur des terrains communaux, sans espérance d'ouvrir une nouvelle carrière, même sur un terrain privé. Le terrain communal offert est celui des Amendes.
Le 19 mars 1970, la S.A.R.L Zanini dépose une option de bail auprès du maire de la commune pour extraire de la pierre des deux côtes du Vallon du Cierge, à la hauteur des carrières de marbre, "dans les conditions les moins visibles et les moins bruyantes".
Le 22 avril 1971, la COMEC (Compagnie Méditerranéenne d'Exploitation de Carrières) rappelle au maire ses courriers des 18 mai 1967, 4 août 1969, 8 mai 1970, et renouvelle sa demande d'exploitation des Amendes, d'autant qu'elle vient de fermer la carrière de Malvallon qu'elle avait ouverte en 1933.
Le 27 mai et le 26 juin 1971, la Société Anonyme des Carrières des Crues (groupe de Barbentane) demande une concession dans la partie haute du Vallon du Cierge, dans la zone du Grand Cap. Elle rappelle qu'en 1970 elle avait déposé un projet commun avec la COMEC et les CARRIÈRES DE LA VALETTE, sous le nom de Groupement des Carrières du Var. Les installations, les fronts de taille seraient parfaitement défilés par rapport aux habitations du Revest.
Le 29 juillet 1971, s'adressant au maire, docteur Charles Vidal, la nouvelle Société UNI-CARRIÈRES qui regroupe toutes les sociétés citées ci-dessus en réponse aux souhaits de l'Administration, propose de construire à ses frais, une route franchissant le ravin du Cierge et rejoignant le hameau de Tourris et ce, en accord avec les propriétaires du Domaine de Tourris (n.d.l.r. : hoierie de Gasquet) "qui accepteraient de laisser librement circuler les véhicules légers et d'y autoriser éventuellement le transit de matériaux en provenance de la carrière de Fiéraquet dans la limite de 200 000 tonnes par an, ceci afin de permettre à votre municipalité de se libérer du trafic des poids lourds dans la traversée du Revest." Et de solliciter l'amodiation de tout le gisement des Amendes, conformément aux promesses du précédent maire faites aux Sociétés regroupées dans Uni-Carrières. Monsieur Zanini, président du conseil d'administration de Uni-Carrières, s'étonne que la SOTEM soit favorisée alors que les sociétés regroupées ont posé leur candidature antérieurement et que la SOTEM et monsieur Vettier ont été expulsés des parcelles 103 et 104 (section B du Revest) par ordonnance de référé. Ces terrains étaient exploités par la Société Groupement des Carrières (citée ci-dessus) à la suite de la Société CAR.SI.MAR exploitante de la carrière de Fiéraquet.
Enfin, la S.O.T.E.M , déjà sur place, sur les terrains de Fiéraquet. L'exploitation du gisement appartenant à la SCI de Fiéraquet avait d'abord été faite par I'Entreprise Vettier (dès 1964), et depuis janvier l971 par la SOTEM, dont le gérant était monsieur Maurice Garassin.
Qui sera l'heureux élu ?
En rencontrant le maire, chacun des candidats put faire valoir son offre. Il y eut des courriers, un peu vifs parfois. L'Association pour la protection des sites et le président du Syndicat d'Initiative penchaient plutôt pour Uni-Carrières, après les rencontres qu'ils avaient pu faire avec ses responsables et les échanges de lettres. Des déclarations furent faites à la presse. L'affaire devenait chaude.
Lors de la séance du Conseil Municipal, en date du 27 avril 1973 (cf ci-dessous : décision capitale), le maire rappelait en faisant l'historique de la question que les pourparlers avec la SOTEM duraient depuis bientôt deux ans. Il était temps maintenant de mettre un terme à des discussions actuellement au point mort. Mais après cette séance mémorable, les contestataires ne baissèrent pas la garde et le maire dû répondre par voie de presse.
Un choix justifié
Le 27 juillet 1973,le maire, docteur Charles Vidal, s'adressait aux habitants du Revest dans Var-République, tellement la polémique devenait vive (articles dans la presse et lettres), pour ce qui concernait le choix de la S.O.T.E.M.
Aspect financier
Il démontrait les avantages pécuniaires indéniables de ce choix. "Le syndicat (n.d.l.r. : de défense contre les nuisances des carrières) a publié une lettre de M. Zanini, selon laquelle on m'aurait proposé d'acheter nos pierres à 0,40 F la tonne, soit 7% du chiffre d'affaires. C'est inexact. Seul, M. Roussel m'a fait savoir qu'il vendait les pierres de Tourris à ce prix-là (sa lettre du 1er août 1972 citée en référence). Ce n'était pas là une offre ferme de M. Zanini." Il rappelle que dans une lettre du 29 juillet 1971 de M. Zanini, il était dit "que le prix qui nous serait payé devrait tenir compte du péage exigé pour emprunter la route créée dans le domaine de Tourris. Ce péage était fixé à 0,20 F la tonne dans une lettre du 1er août 1972 de monsieur Roussel (mandataire de I'hoirie de Gasquet)...Le prix que nous aurions perçu à la condition que monsieur Zanini ait acheté la pierre 0,40 F était donc ramené à 0,20 F la tonne. Pour représenter 7% du chiffre d'affaires, il eut fallu que le carrier vendît le matériau un peu moins de 2,90 F la tonne. Or, le prix actuel variant entre 7 et 9 %, cela nous ramène sensiblement à 2,5% et il continuerait à décroître. Nous avons, nous, obtenu 3,5%. Quel que sera le prix de vente, nous percevrons le 3,5% du total.
Aspect écologique
Le maire poursuit sa démonstration. Il attire l'attention des Revestois sur la protection de l'environnement que représente cette option. " Ce n'est pas pour implanter une carrière, car s'il n'y en avait pas eu au Revest, nous ne serions pas allés en chercher. Par contre, pour protéger le paysage, nous avons proposé à la S.O.T.E.M. d'abandonner l'exploitation de tous ses terrains, face à la vue et d'orienter son front de taille vers nos terrains situés dans une zone non visible. C'est ce qui a été accepté. Je n'avais aucune raison de donner ces terrains en location à une autre entreprise pour obliger la S.O.T,E.M. à continuer I'exploitation de ses propres terrains. Nous aurions eu ainsi deux carrières au lieu d'une, car, quoi qu'on écrive, la S.O.T.E.M. disposait encore de douze hectares à exploiter." À ceux qui demandent qu'on ferme purement et simplement les carrières, le maire rétorque : " De toutes façons, ce n'est pas le maire du Revest qui a le pouvoir et le droit d'imposer la fermeture d'une carrière. "
Une décision capitale
27 avril 1973, séance du conseil municipal.
" La grande salle de notre mairie, rapporte monsieur Edouard Fousse, conseiller municipal et correspondant de presse -journal du 3 mai - s'avérait trop petite pour contenir tout le monde ; des gens durent rester sur le palier ainsi que dans les escaliers. A notre connaissance, jamais une telle présence ne s'était manifestée à une séance de conseil municipal. C'est dire l'importance que les habitants attachaient à ce délicat problème....À différentes reprises, les auditeurs applaudirent les conseillers municipaux proposant la signature de la convention, la construction de la route et la nouvelle orientation du front de taille.
L'ordre du jour concernait en effet la signature de convention avec la société d'exploitation de carrières S.O.T.E.M. pour l'amodiation (location) de parcelles communales à Fiéraquet et la construction d'une route de dégagement. Monsieur Rouge, conseiller municipal, avait fait un résumé très succinct et précis de la situation et avait déclaré qu'il n'y avait plus de raison pour perdre le temps ; la route devait être construite rapidement et la convention signée. Messieurs André Chiarlone, Persichino, le colonel Carret avaient clairement exprimé une opinion favorable et monsieur Moretti, premier adjoint, avait apporté quelques précisions techniques.
Le maire mit les deux questions aux voix : = la route de dégagement : Le Conseil Municipal au complet (17 membres) se prononça pour la construction d'une route de dégagement. = amodiation d'une parcelle communale des Amendes: 15 conseillers municipaux votèrent pour , monsieur Banon maintint son opposition, et madame Lacroix s'abstint, préférant un référendum.
Et maintenant, la route
La convention stipule (article 17 que " La voie communale utilisée actuellement comme voie d'accès à la carrière sera maintenue en bon état d'entretien par le Preneur. Elle sera interdite aux véhicules lourds des carriers dès qu'un autre itinéraire de dégagement aura pu être aménagé, et le Preneur sera tenu de procéder à sa remise en état. "
La SOTEM a donc la construction de la route à sa charge. C'est le conseil municipal du 25 mai 1973 (cf presse du 1er juin) qui autorisera le maire à donner le feu vert à la SOTEM pour commencer les travaux de la route de dégagement sur les terrains communaux. Cela donnera un gain de temps considérable dans la création de la route tant souhaitée.
Lors de la séance du Conseil Municipal du 27 avril 1973, le maire avait indiqué que le délai de la route pour son achèvement serait d'un an à partir de la mise à disposition des terrains à la commune . Le préfet venait de signer l'arrêté de cessibilité. Il faudra encore longtemps, hélas, pour que le projet prenne forme.
Retard à I'exécution
Le 26 janvier 1974,on put lire dans la presse, sous le titre "route de dégagement", les explications concernant le retard apporté à la réalisation de l'ouvrage. " La construction de la route de dégagement dont nous espérions la mise en service pour le début de cette année, a subi de nombreux retards indépendants de notre volonté aussi bien que de celle des constructeurs. Les lenteurs des formalités administratives en vue de l'expropriation des terrains, ont été aggravées par des erreurs d'écriture au niveau des divers organismes dont l'intervention est indispensable. Erreurs dans les numéros des parcelles, omission de nom, fautes de frappe, ont successivement nécessité de nouveaux jugements qui nous ont amenés jusqu'aux premiers jours de l'année. À ce moment seulement, le dossier a pu être déposé au service des Hypothèques pour vérifier l'absence d'hypothèque sur les terrains. Enfin, ce n'est que le 20 janvier que, toutes ces formalités accomplies, nous avons pu demander au percepteur de procéder au règlement. Un dernier retard est survenu à ce niveau que nous souhaitons de courte durée, car ce n'est qu'un mois après le versement de la somme soit aux expropriés, soit à la Caisse des Dépôts, que nous pourrons occuper le terrain. Les constructeurs, quant à eux, sont tout prêts à attaquer les travaux dès que la loi autorisera notre occupation. Voilà le point actuel de la situation sur cette question. Nous ne pouvons que regretter ces divers retards en espérant fermement sortir rapidement de toutes ces difficultés administratives et judiciaires." (communiqué de presse non signé ; certains termes laissent à penser qu'il émane de la municipalité).
La route de dégagement en chantier
Le Syndicat d'Initiative du Revest communique dans le journal du 6 juin 1975 : " Après avoir eu tant de fois de mauvaises nouvelles à communiquer à propos des carrières, nous en avons cette fois une bonne à annoncer. La route de Fiéraquet à Tourris par le ravin du Cierge, à la fin, personne n'y croyait plus, Eh bien ! Les travaux ayant, enfin, démarré, se poursuivent très activement et le ravin du Cierge est largement dépassé. D'ici peu de mois, ce sera une superbe route touristique ouverte à tous et dont la largeur permettra une circulation et un garage aisé. De ce belvédère naturel une vue splendide sur la mer ainsi que sur le barrage et le village du Revest est assurée sur tout le parcours. On voit aussi les falaises du mont Caume et du Baou de 4 Heures. A une période où la plupart des routes dites touristiques de la région toulonnaise se voient peu à peu englobées dans le réseau général encore insuffisant des routes d'évitement, il est agréable de voir ouvrir une rocade comme celle de Fiéraquet à Tourris."
La patience enfin récompensée
Ainsi monsieur Edouard Fousse titre-t-il son article du 7 novembre 1975. " Il s'agit bien sûr de la route de dégagement et du passage des camions dans l'agglomération ainsi que sur les très dangereuses voies qui la desservent. La construction du premier tronçon que beaucoup connaissent a procuré aux Revestois, aux excursionnistes et aux promeneurs du dimanche une promenade agréable, avec une vue panoramique superbe. Ce plaisir s'est amoindri quand la confection de la route s'est arrêtée et chacun s'est inquiété de savoir si les "30 tonnes" allaient continuer pendant longtemps à traverser le village. Il est difficile d'imaginer les difficultés de toutes sortes, administratives, judiciaires, ainsi que les multiples points de procédure soulevés par les parties que la municipalité a rencontrées. Tout allait donc s'arrêter ? C'est la question qu'on était en droit de se poser. Cet arrêt a été motivé par une recherche de compromis entre les carrières de Fiéraquet et de Tourris. Nous croyons savoir que ce compromis a été trouvé Les travaux reprennent ce qui va permettre dans les jours prochains de relier le nouveau tronçon créé avec une route privée déjà existante sur Tourris, Dès la fin de ce mois de novembre, les camions seraient à même d'emprunter cette voie. Il est évident qu'à l'origine c'était une route communale qui devait être construite dans toute sa largeur. Le second tronçon se fera ultérieurement, mais l'objectif primordial recherché par la municipalité était le détournement du village par les camions , il est évident qu'elle ne pouvait que souscrire pleinement à çette solution d'attente qui consiste à utiliser une voie privée actuellement roulable."
1976 : fin du cauchemar
"Cette fin d'année 1975 vient de voir la route de dégagement ouverte à la circulation " déclare le maire, docteur Charles Vidal, lors de ses vœux de 1976 exprimés dans le journal var République . Enfin !... Impatients sans doute de la découvrir, des particuliers l'ont parcourue si bien que le maire, ayant reçu une observation de la S.O.T.E.M., a lancé un avis par voie de presse (9/3/76) : " Le maire tient à signaler que la route en construction reliant Fiéraquet à Tourris n'est pas ouverte officiellement à la circulation et n'a pas encore été réceptionnée par la commune. Le syndic de l'entreprise SOTEM chargée de sa construction informe qu'il est dangereux d'y circuler pour les voitures comme pour les piétons"
Fin mars 1976 le maire interdit définitivement la circulation des poids lourds sur la route de Signes. On peut lire dans le quotidien var République du 28 mars 1976,l'arrêté pris par le maire.
"Étant donné que le C.V.O. n°3 est particulièrement étroit, sinueux et dangereux ; étant donné qu'une nouvelle voie de dégagement permet le trafic d'une carrière dont le C.V.O. n°3 était le seul moyen d'accès, que les exploitants de la carrière abandonneraient la route de Signes pour les transports lourds dès que la nouvelle voie serait ouverte, le maire a pris I'arrêté suivant : -la circulation sur le C.V.O n°3 dit "Route de Signes" est interdite aux véhicules d'un poids égal ou supérieur à sept tonnes en charge. Cette interdiction ne s'applique pas aux véhicules de la voirie ou de lutte contre l'incendie. La gendarmerie et les gardes-champêtres municipaux sont chargés de l'exécution du présent arrêté.
Le Maire, docteur Charles Vidal.
Quel soulagement ! Finis le bruit et la poussière ; finis les dangers inhérents à ces charrois incessants, encombrants et rapides ; les nuits ne seraient plus écourtées. Le Revest retrouvait enfin sa sérénité.
Documentation :
= dossier constitué par le Syndicat d'Initiative à cette époque (lettres et autres textes) = articles de presse (Var République) = cartes I.G.N. au 1/25 000 e (édition de 1973) , Toulon 1 - 2 et Toulon 3 - 4