đ La maison des Comoni - La Culture au cĆur du projet
On apprend dans le bulletin Le REVEST LES EAUX magazine N°8 janvier Ă juin 2000 quâun rĂ©fĂ©rendum a Ă©tĂ© soumis au vote des Revestois en 1979 sur la construction dâune salle polyvalente. Mais ce nâest quâen mars 1987 que le projet est repris. Le terme de salle polyvalente est abandonnĂ© et le maire et les Ă©lus sâinterrogent sur la destination finale de la salle. Jacques Rullier, conseiller municipal de 1976 Ă 1983, puis adjoint au Maire de 1983 Ă 1995, interviewĂ© le jeudi 23 avril 2015 parle de Jean-Claude Grosse en ces termes :
En 83 JC.Grosse est entrĂ© au conseil, on a vu dĂ©barquer un OVNI qui nous a parlĂ© de théùtre comme personne. Il bousculait tous les codes Ă©tablis en terme de théùtre, et rĂ©ussit Ă convaincre le Conseil Municipal de passer du théùtre de commande, que j'assimile Ă du prĂȘt-Ă -porter culturel, Ă un Théùtre de crĂ©ation qui embrassait toute la chaĂźne, de l'Ă©criture de la piĂšce en passant par la mise en scĂšne, la production et les reprĂ©sentations. Il a donc fallu convaincre le conseil municipal qui Ă©tait hostile Ă la construction dâune salle de spectacle, ainsi que le village. Mais le Conseil Municipal de l'Ă©poque devait se rendre Ă l'Ă©vidence, Jean-Claude obtenait pour son action culturelle des subventions croisĂ©es, DĂ©partement, RĂ©gion, Ătat, DRAC, ce qui reprĂ©sentait des retombĂ©es Ă©normes en terme d'image pour Le Revest. Les gens acceptaient la peinture qui avait dĂ©jĂ acquis ses lettres de noblesse, mais le théùtre nâĂ©tait pas compris. CâĂ©tait un projet surdimensionnĂ© pour la commune. DĂ©jĂ les spectacles quâil avait donnĂ©s au Revest comme Clepsydre, Marie des brumes⊠Le Revest Ă©tait devenu le pĂŽle culturel de lâagglomĂ©ration. Il jouait au ChĂąteau de Dardennes, au pied de la Tour, au Stade de la colline, dans les oliviers, dans les rues du village. Il nous fallait une salle! »
JC. Grosse explique aussi : « Lors du mandat municipal de 83/89 a Ă©tĂ© Ă©voquĂ©e la possibilitĂ© de crĂ©er une salle polyvalente. CâĂ©tait la mode Ă lâĂ©poque comme la salle GĂ©rard Philippe de La Garde oĂč on faisait un peu de tout, des expositions mais pas de théùtre ».
Le festival du Revest avait dĂ©jĂ 5 ans. JC. Grosse explique les dĂ©buts de lâassociation « Les 4 saisons du Revest » dans un livre « De lâimpasse Ă la traverse, un parcours artistique vivant, les 20 ans des 4 saisons du Revest », publiĂ© en 2003 par les Cahiers de lâEgarĂ©. « Un concours dâarchitecte a Ă©tĂ© lancĂ© pour une salle polyvalente. Jâai suggĂ©rĂ© au Maire, Charles Vidal que ce ne soit plus une salle polyvalente mais un Ă©quipement culturel. »
« (Nous) avons un problĂšme de lieu. Pour avoir une politique culturelle permanente et pas seulement estivale, il nous faut (âŠ) une Maison des Arts pour y organiser de grandes manifestations. Or pour la construire, nous devons ĂȘtre subventionnĂ©s. Nous ne serons subventionnĂ©s que si nous avons un projet dâutilisation trĂšs convaincant car bien sĂ»r, nous ne sommes pas les seuls Ă vouloir jouer la carte culture. »
A noter que le terme de salle polyvalente nâest plus dâactualitĂ©. Parfois on lit maison des « Arts » mĂȘme si dans les bulletins municipaux une commission « salle polyvalente » est créée. Est-ce pour ne pas heurter les conseillers municipaux « hostiles » ? Ou pour ne pas se mettre Ă dos la population ? Car il y a comme un hiatus, une incomprĂ©hension entre le festival de théùtre et le village.
Extrait n°18 septembre 1987 : p 11 rubrique spectacles « Le Festival de la Tour. On aime ou lâon nâaime pas mais il faut apprĂ©cier cependant lâeffort rĂ©alisĂ© et louer le jeu des artistes. (âŠ) Le rĂ©sultat nâa peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© ressenti au mĂȘme titre Ă lâintĂ©rieur quâĂ lâextĂ©rieur de la commune. (âŠ) le proverbe est bien vrai « nul nâest prophĂšte en son pays (âŠ) ».
Les architectes dĂ©signĂ©s, Bordes et Duchier, du Cabinet Dravet laurĂ©at du concours, planchent et ont pour mission de « proposer un projet en le rendant plus lĂ©ger(?) » sans autres prĂ©cisions dans les comptes rendus des bulletins de lâinformation communale. Et en septembre 1987, les conseillers membres de la commission « salle polyvalente » donnent leur accord pour dĂ©poser un permis de construire. Le bulletin rappelle que les 3 salles constituant lâensemble « seront utilisĂ©es Ă des usages multiples y compris la possibilitĂ© de locations. » Aucune autre prĂ©cision.
Dans le mĂȘme numĂ©ro, il est rapportĂ© que le Conseil Municipal « donne un accord de principe pour lâacquisition de lâimportante collection de monnaies proposĂ©e Ă des conditions particuliĂšrement intĂ©ressantes aprĂšs expertise, par M. Lacroix qui lâa rĂ©alisĂ©e. » Nul doute que cette collection devait prendre toute sa place dans la future structure.
Et câest le 9 mars 1989, 3 jours avant les Ă©lections, que la 1Ăšre pierre est posĂ©e.
Mais le bulletin du 24 mars 1989, qui illustre la cérémonie parle toujours de « salle polyvalente » :
« Câest la 1Ăšre pierre de la salle polyvalente quâon dĂ©sespĂ©rait depuis autant dâannĂ©es de voir poser un jour. »
DâaprĂšs le tĂ©moignage de JC.Grosse, le projet dâun centre culturel sâest affinĂ© tout au long des travaux. Pourtant, dans le Budget prĂ©visionnel de 1987, on trouve dĂ©jĂ des propositions dâachats de gradins, de projecteurs, dâun plancher de 70m2.
« Les travaux ont dâailleurs Ă©tĂ© interrompus durant 3 semaines pour imaginer installer une rĂ©gie et le passage des cĂąbles nĂ©cessaire Ă lâamĂ©nagement dâun espace théùtral ». Entretien avec JC.Grosse du 5 mars 2015.
Devant la tournure que prennent les travaux, certains adjoints se dĂ©solidarisent du projet et refusent de sâen occuper. Entretien avec J.Fenassile du 29 avril 2015 : « Nous (J.Fenassile, J.C Grosse, C.Aude) voulions une salle de spectacle ouverte sur lâaire toulonnaise. Certains adjoints nâont plus voulu sâen occuper. Charles Vidal, mâa demandĂ© de restructurer les plans avec lâarchitecte pour en faire une salle de spectacle, la future Maison des Comoni. Il Ă©tait prĂ©vu de crĂ©er plusieurs pĂŽles ; pĂŽle art plastique, pĂŽle polyvalent, pĂŽle musĂ©e, pĂŽle spectacle avec une scĂšne rĂ©tractable, des gradins escamotables. Entre temps nous avions achetĂ© la collection des monnaies, il a fallu trouver des volumes supplĂ©mentaires. Mais dâabord il a fallu suivre la construction. Et Ă©videmment les coĂ»ts ont Ă©tĂ© majorĂ©s. Lâargent de la construction et de lâĂ©quipement câest moi qui lâai nĂ©gociĂ©. Jâassurais toutes les rĂ©unions de chantiers. On a Ă©tĂ© les pionniers dans le dĂ©partement. Ensuite les autres ont copiĂ© sur nous »
Source : interview du 4 mars 2016 sur TV83.info
Le 27 septembre une rĂ©ception en mairie finalise la vente de la collection des monnaies pour un montant de 520.000 Francs, payables « en 10 annuitĂ©s sans intĂ©rĂȘt et indexĂ©es sur lâINSEE ».(bulletin n°27 sept/oct 1989).
« Nous avons alors pensĂ© que les premiers habitants du Revest mĂ©ritaient mieux quâun nom sur une longue liste de vaincus et câest pourquoi en sĂ©ance de travail nous avons dĂ©cidĂ©, le 10 avril 1990, que ce que nous nommions jusquâici salle polyvalente deviendra dĂ©s la prochaine rĂ©union publique du Conseil Municipal « La Maison des Comoni ». Charles Vidal.
Lâinauguration de la salle a lieu le 16 juin 1990. Un court Ă©dito du Maire, une photo le reprĂ©sentant au milieu des Ă©diles du Conseil GĂ©nĂ©ral et de Toulon coupant le ruban, et câest tout !
Câest plus loin dans le bulletin que lâon apprend quâil y a 3 salles : lâOustaou per touti, la salle des expositions et la salle PĂ©trarque. On y dĂ©taille aussi les tarifs des locations Ă destination des Revestois et des extĂ©rieurs.
Un article relate la cérémonie : P 6 initiatives culturelles
« Ce fut une trĂšs belle journĂ©e. Il faisait beau, il y eut plus de 1000 invitĂ©s prĂ©sents, le ruban coupĂ©, chacun attendit son tour pour dĂ©couvrir cette « Maison des Comoni » dont on avait suivi toutes les Ă©tapes de construction en moins dâun an⊠Les « sĆurs ThĂ©ret » qui prĂ©fĂšrent quâon les appelle HĂ©lĂšne et Rachel mais dotĂ©es toutes deux dâun grand art, dâune passion qui les unitâŠ
Le « Cabinet des monnaies » oĂč M. Lacroix, presque en queue de pie, assistait Ă lâapothĂ©ose de sa collection tandis que le public se pressait sur les cartes postales 1er jour que lâon pouvait glisser dans une grosse boite aux lettres⊠La « salle PĂ©trarque » (au fait qui câest celui-lĂ ? entendait-on de ci- de lĂ ) oĂč lâon a aimĂ© sâasseoir pour goĂ»ter de ces siĂšges confortables en Ă©coutant quelques notes jouĂ©es par la Musique de la Flotte.
Et puis, il y eut dâautres inaugurations, celles des apĂ©ritifs dans le hall le 18 juin, celle des galas de danse, auditions dâĂ©coles de musique, etc.

Avec (la voix de)Madeleine Renaud. Ăa nâest pas demain quâon reverra cela au Revest ! »
En effet le 30 juin, le 1er spectacle a lieu dans la salle PĂ©trarque : « Lettres dâune mĂšre Ă son fils » de Marcel Jouhandeau.
Si les Revestois ne frĂ©quentent pas beaucoup la nouvelle structure, le bulletin n°34 de nov. /dĂ©c. 1990 fait Ă©cho de ce quâen pensent ceux qui lâont frĂ©quentĂ©e comme ce Toulonnais dont le courrier est publiĂ© :
Paroles de toulonnais !
Le Revest sans Ă©clat tapageur, sans psychodrame mĂ©diatique, devient un pĂŽle dâattraction pour la frange la plus active et la plus curieuse de nos concitoyens : jeunes et moins jeunes, avides de nouveautĂ©, dâexpĂ©rience culturelle, dâĂ©motions de qualitĂ©. Cette toute rĂ©cente maison de la culture est bien prometteuse ; que ce soit pour les activitĂ©s théùtrales (Borini-Festival J.Théùtre MarĂ©chal-Marcel), les activitĂ©s dâart plastique (Anton, Bentobji, Budonaro, Pourret, les sĆurs ThĂ©ret, etc.) ou les activitĂ©s littĂ©raires, historiques etc.
Un point commun : toutes ces prestations sont marquĂ©es du sceau de la qualitĂ© et de lâexigence artistique. Tout ceci dans un cadre Ă la fois agrĂ©able, fonctionnel et de lâavis de tous super-convivial.
La voie choisie par les responsables est difficile mais elle force notre admiration et pour le Toulonnais de base, que je suis depuis trente ans, notre convoitise. Heureusement que Le Revest nâest quâĂ 15 minutes du centre ville de Toulon ; il se passe toujours quelque chose Ă la Maison des Comoni !
Gaston Lacreuse, Toulon
Et comme pour persuader les Revestois que cette salle est leur salle, que sa construction nâĂ©tait pas inutile, du moins dans la forme choisie par les Ă©lus, ce mĂȘme numĂ©ro publiĂ© donc au bout de 6 mois dâactivitĂ©s donne les premiers chiffres et espĂšre en lâavenir :
« La Maison des Comoni en chiffres »
Théùtre : 8 spectacles (40 représentations 3500 spectateurs)
Expositions: 8 expositions de 15 jours environ chacune (3500 spectateurs)
Musiques : 5 concerts (1100 spectateurs) Sans compter les 2 galas associatifs, les 2 sĂ©minaires, les 3 soirĂ©es privĂ©es, les manifestations municipales axĂ©es sur le 3Ăšme Ăąge et les Ă©coles. En 6 mois, 10.300 personnes ont Ă©tĂ© accueillies dans la Maison des Comoni. VoilĂ un bilan prometteur quâil faut amplifier en 1991. La Maison des Comoni, câest une Ă©quipe professionnelle Ă compter du 1er janvier 1991, câest un esprit et une programmation artistique de qualitĂ© sans snobisme ni hermĂ©tisme, ce sont des artistes exigeants et gĂ©nĂ©reux, câest le public. Revestoises et Revestois doivent ĂȘtre le premier public de la Maison des Comoni, peuvent ĂȘtre les premiers Ă en parler autour dâeux. Câest le vĆu que nous formulons pour 1991.
LâannĂ©e 1991 est celle de lâorganisation et de la gestion des salles qui constituent lâensemble.
Dans le bulletin n°35 de mars 1991, on apprend que la commune, lâEtat et le Conseil GĂ©nĂ©ral signent un contrat de 3 ans avec lâassociation « les 4 saisons du Revest » en vue de lâanimation culturelle (théùtre, expositions, concerts, spectacles et autres activitĂ©s).
En janvier 1991 un conseil dâadministration de la Maison des Comoni est créé ainsi quâune association de gestion qui comprend 9 membres.
Dans une interview prĂ©sentĂ©e dans le bulletin, J. Fenassile , JC Grosse et A. Lacroix expliquent leurs objectifs et lâorganisation de la gestion des salles ; MichĂšle Lissillour comme administratrice, JL. Grandchamp aux relations publiques, JC.Grosse et « les 4 saisons » pour la programmation théùtrale, les arts plastiques, les multi medias et Claude Demai et « lâassociation revestoise des Arts et Traditions de France » pour les autres manifestations. Enfin Armand Lacroix comme conservateur du cabinet des monnaies et du club dâinitiation Ă la numismatique qui complĂšte lâaction de lâassociation du cabinet des monnaies
Piéfort de la «Dardenne» datée de 1710 acquise par la mairie (bulletin nov./déc. 1990)
Dans son entretien du 29 avril 2015, J.Fenassile précise, 25 ans aprÚs, ses objectifs :
« Et je voulais surtout que tout ce qui se faisait dans la salle soit en relation avec les écoles »
En ce qui concerne les choix de programmation, JC. Grosse parle « dâaudace et de prudence, de rĂ©flexion et de coup de cĆur, de calcul et dâintuition » et il reconnaĂźt « quâun travail dâinformation est Ă faire sur le terrain ». Visiblement de lâincomprĂ©hension subsiste toujours entre quelques Ă©lus et une certaine partie des villageois !
Les programmations se succĂšdent et aux Ă©lections municipales de 1995, Charles Vidal est réélu. Trois listes sâaffrontent dont une, menĂ©e par JC. Grosse et J.Rullier qui illustre une certaine division au sein de lâancienne Ă©quipe sur la politique culturelle.
VoilĂ ce quâen dit J.Rullier interviewĂ© le 23 avril 2015 :
« Le Revest aurait pu ĂȘtre comme Avignon et son festival et sur le plan de la peinture ça aurait pu ĂȘtre Saint Paul de Vence. On avait pris des contacts avec Anthony Clavet de Saint Tropez et mĂȘme Bernard Buffet.
Durant le mandat dâaprĂšs, (1995/2001) ils nâont pas suivi, mĂȘme si Toulon Provence MĂ©diterranĂ©e (TPM) est une bonne chose.
Pourquoi avoir abandonnĂ© la biennale ? Le Revest a toujours Ă©tĂ© un lieu pour les artistes, la biennale ne coĂ»tait pas cher. CâĂ©tait une pĂ©pite. En 95 lorsque nous avons vu avec JC. Grosse que la liste du Docteur Vidal nâavait plus les mĂȘmes ambitions, nous avons montĂ© notre liste « Revest Passion » avec JC. Grosse, pour dĂ©fendre le projet culturel au niveau du théùtre et de la peinture. Mais 27% des suffrages, ce nâĂ©tait pas suffisant. Charles Vidal a Ă©tĂ© Ă©lu. »
Charles Vidal meurt en dĂ©cembre de cette mĂȘme annĂ©e et J. Fenassile devient Maire.
JC Grosse précise ses relations avec le nouveau maire dans son entretien du 5 mars 2015 :
« Concernant la Maison des Comoni, le Conseil GĂ©nĂ©ral et lâEtat maintenaient leurs subventions mais le nouveau maire souhaitait une double programmation, une programmation plus « Ă©litiste » dont jâĂ©tais toujours chargĂ© et une autre plus accessible que le maire a confiĂ© Ă J.Loup Grandchamp, ancien chargĂ© des relations publiques des 4 saisons. Ce dernier Ă©tait payĂ© par la mairie. Cette double programmation a durĂ© 2 ans, peut-ĂȘtre un peu moins parce que lâEtat nâacceptait pas cette double programmation. »
Quant Ă J. Fenassile, elle explique ses choix culturels de lâĂ©poque :
« On voulait dâabord faire un 1er pĂŽle avec La Valette et La Garde avant de nĂ©gocier avec Toulon dans le cadre de TPM car on avait peur de se faire avaler. Et on a Ă©tĂ© scĂšne nationale, pour un petit village comme Le Revest câĂ©tait exceptionnel. Le but câĂ©tait de faire bien sur le dĂ©partement, faire de lâexcellence comme la Maison Tamaris Pacha qui nâest pas bien exploitĂ©e, la salle dâexpo ne sert presque plus. On a eu de trĂšs belles expos, Sardi, Dufresne... On avait une rĂ©putation...
Le Théùtre LibertĂ© nâexistait pas Ă lâĂ©poque et Toulon nâest pas rĂ©putĂ© pour sa culture. Nous, on a dĂ©marrĂ© en 90/91 ».
En 2003, les 4 saisons fĂȘtent leurs 20 ans au moment oĂč les Comoni deviennent Ă©quipement structurant de TPM en dĂ©cembre et avec elle son instance de programmation. Ange Musso est maire depuis 2001. Et pour expliquer la place des Comoni aujourdâhui dans TPM et comme scĂšne conventionnĂ©e, il faut revenir Ă lâhistoire des 4 saisons du Revest car les 2 structures ont des histoires liĂ©es.
JC Grosse explique dans son entretien du 5 mars 2015 :
La RĂ©gion a financĂ© pendant plusieurs annĂ©es pour que les 7 théùtres : Le Revest avec les Comoni, La Valette et le Théùtre Marelios, La Garde et le Théùtre du Rocher, Le Pradet et son espace des Arts, Toulon â Le ComĂ©dia, La Seyne avec le Théùtre Apollinaire, Sanary et le Théùtre Galli, dont chacun avait sa spĂ©cialitĂ©, fassent circuler les programmations. Sous le nom de « RĂ©seau ScĂšne(s) » de 99 Ă 2005 une vĂ©ritable synergie sâest créée entre les directeurs qui subventionnaient un projet par an aprĂšs un choix collectif. Un autre rĂ©seau, « Traverse » de 94 Ă 98 regroupait les Théùtres de Draguignan, Grasse, Fos, Istres, La Seyne, Le Revest. Ce rĂ©seau Ă©tait dĂ©diĂ© Ă la diffusion de spectacles en dehors du Var mais toujours dans la mĂȘme rĂ©gion.
Ce qui a fait la force des Comoni, câĂ©tait son ouverture Ă des formes nouvelles, Ă de jeunes compagnies, Ă dâautres structures. »
En 2004 Les Comoni passent Ă TPM et en mĂȘme temps son instance de programmation « les 4 saisons ».
De son cĂŽtĂ©, J. Fenassile en qualitĂ© dâĂ©lue, dâabord comme adjointe Ă la culture puis comme maire, cherche aussi Ă se rapprocher des autres communes :
« (Ensuite) jâai cherchĂ© Ă ce que les communes de la Valette, la Garde, le Pradet travaillent ensemble pour faire des pĂŽles dâexcellence. Nous avons créé une association entre les 4 pĂŽles culture. »
En septembre 2004, le contrat qui liait JC. Grosse et les 4 saisons du Revest et TPM est rompu.
JC.Grosse explique dans son entretien le déroulé des événements qui vont faire de la Maison des Comoni un PÎle Jeune Public (PJP).
« Jâai essayĂ© de nĂ©gocier auprĂšs des Ă©lus et de ValĂ©rie Paecht la directrice de la culture de TPM. La nĂ©gociation a Ă©chouĂ©. Jâai donc remis les clefs de la salle en dĂ©cembre 2004. Mi-octobre, jâai fait paraĂźtre une lettre ouverte Ă 50 000 exemplaires, trĂšs politique.
Pour moi, les effets de cette lettre sont rĂ©els car Ă la suite de sa parution, TPM sâest demandĂ© ce quâils allaient faire des Comoni. Au dĂ©part, la salle devait devenir une salle de rĂ©pĂ©tition pour lâOpĂ©ra de Toulon et lâOrchestre rĂ©gional.
En dĂ©cembre 2004, ValĂ©rie Paecht a tĂ©lĂ©phonĂ© au directeur du Théùtre de Draguignan (Liberto Valls) pour savoir ce quâil en pensait. Liberto Valls a proposĂ© que Les Comoni deviennent un lieu dĂ©volu Ă la jeunesse et Ă lâenfance. ValĂ©rie Paecht a proposĂ© lâidĂ©e Ă la DRAC (Direction RĂ©gionale des Affaires Culturelles) qui a prĂ©fĂ©rĂ© que ce soit une scĂšne extĂ©rieure au dĂ©partement qui sâen occupe Ă savoir lâespace MASSALIA de Marseille (Philippe Foulquier). Celui-ci a acceptĂ© aprĂšs mâavoir tĂ©lĂ©phonĂ©. DĂšs 2005, la programmation de la maison des Comoni a Ă©tĂ© rĂ©orientĂ©e et câest Patrice Laisney, son directeur adjoint qui en a pris la direction. GrĂące au niveau dâexigence conservĂ©, les Comoni sont devenus une scĂšne conventionnĂ©e DRAC.
Finalement, ça sâest bien continuĂ© pour les Comoni. Le travail fait par les 4 saisons explique que la DRAC ait tout fait pour garder ce lieu comme un lieu de crĂ©ation. Les objectifs de TPM Ă©taient la diversitĂ© de la programmation, lâessaimage sur le territoire et lâaugmentation de la frĂ©quentation.
La maison des Comoni appartient Ă la commune, TPM sâoccupe de la gestion (entretien des bĂątiments, personnels, rĂ©novationâŠ) et dĂ©lĂšgue (dĂ©lĂ©gation de pouvoir public) Ă lâassociation PJP et Ă son directeur Philippe Laisney, ancien directeur adjoint de Massalia, la programmation de la salle. »
Le Maire actuel Ange Musso , interrogé à ce sujet explique :
« Aujourdâhui, TPM est en charge de la gestion de la Maison des Comoni Ă hauteur de 450 000⏠environ. La Mairie paie chaque annĂ©e le transfert de charge qui Ă©tait celui attribuĂ© Ă la structure au moment de son transfert soit environ 90 000âŹ. La subvention de TPM pour Le PJP est dâenviron 210 000 ⏠par an. Le dĂ©partement et la DRAC sont les autres financeurs.
Lâassociation « les 4 saisons » Ă©tait plus ouverte sur les professionnels du spectacle. Marseille a assurĂ© la transition. Maintenant, câest une association locale, le PJP qui gĂšre la programmation avec son directeur Patrice Laisney.
Une histoire bien mouvementĂ©e, remplie de passions, de dĂ©ceptions, dâoccasions manquĂ©es pour certains mais qui se termine bien puisque, 25 ans plus tard, la Maison des Comoni existe toujours.
Nous sommes allĂ©s voir Patrice Laisney le 22 avril 2015 pour lâinterroger Ă propos du PĂŽle Jeune Public aujourdâhui. Il nous a reçus avec Cyrille Elslander son directeur adjoint (ancien mĂ©diateur culturel des 4 saisons).
Le PJP a dĂ©butĂ© il y a 10 ans en 2005. Câest un lieu de crĂ©ation, vrai engagement culturel dans un village gaulois.
Avant jâĂ©tais le directeur adjoint du théùtre Massalia Ă Marseille. Je connaissais JC. Grosse, il venait pour voir des metteurs en scĂšne et pour organiser les mardis des enfants.
TPM et la DRAC mâont sollicitĂ© sur lâidĂ©e dâun pĂŽle jeune public en dĂ©cembre 2004 et le premier spectacle a eu lieu en fĂ©vrier 2005. Pour la 1Ăšre saison, on a donnĂ© le ton et on a fait venir des grandes pointures europĂ©ennes. CâĂ©tait un peu compliquĂ© pour moi par rapport Ă ma façon de communiquer, par rapport au fait que je succĂ©dais Ă JC. Grosse, vis-Ă -vis du milieu du théùtre et parce que je venais des Bouches du RhĂŽne, mĂȘme si je suis toulonnais.
Le pĂŽle a un rayonnement sur lâensemble de lâagglomĂ©ration, il faut ĂȘtre prĂ©sent dans toutes les communes y compris dans les crĂšches. On part du Revest et on va ailleurs. Le PJP reprĂ©sente environ 35 000 spectateurs par an. Ăa fait connaitre le village.
Un des enjeux est de faire venir les familles. Les gens aiment bien lâambiance des Comoni, il y a des pots Ă la fin du spectacle. Aujourdâhui on a la confiance du public et on a une trĂšs grande libertĂ© par rapport Ă TPM. Lors de la 1Ăšre saison nous avions programmĂ©: « Ado missile » qui Ă©tait un spectacle osĂ©.
Il faut un Ă©quilibre dans la programmation et on travaille sur 11 communes. Câest un travail de territoire. On aborde tous les sujets ; la mort, lâintĂ©grisme, la sexualitĂ©, la guerre⊠mais aussi des divertissements comme des contes ou du cirque. Nous organisons de 40 Ă 50 spectacles par an. Peu Ă peu la vision des gens change, les parents se sentent concernĂ©s, mĂȘme les papas ! Quels ont Ă©tĂ© les bons moments en 10 ans ? Les rassemblements des vieux grĂ©ements en 2007 et 2013, gros spectacles de rues Ă Toulon que nous avons organisĂ©s. On amĂšne le spectacle auprĂšs des citoyens, câest une dĂ©marche populaire. De mĂȘme nous organisons des spectacles de fin dâannĂ©e avec les Ă©coles du Revest comme « Docteur Jekkil et Mister Hyde » il y a 5 ans, sur de la musique contemporaine !
LâannĂ©e prochaine nous assurerons la programmation de La Garde, La Valette, Le Pradet, Saint Maximin, La Seyne.
En 10 ans, il y a 3 fois plus de Revestois présents et les écoles du Revest en profitent largement.
Depuis 3 ans nous sommes scĂšne conventionnĂ©e. Câest un label signĂ© pour 3 ans avec lâEtat pour lâenfance et la jeunesse. Il y en a 20 en France dont Le Revest et câest une vraie reconnaissance du travail que nous faisons sur le territoire. Cette annĂ©e, nous demandons le renouvellement du label et nous attendons la rĂ©ponse pour les annĂ©es 2015/16/17. Nous sommes en outre un centre de ressources territorial auprĂšs des enseignants, des communes, pour Ă©laborer des propositions.
Il y a 12 personnes qui travaillent au PJP : 7 administratifs et 8 personnels techniques. Le personnel est en partie pris en charge par TPM.
Si jâai un mauvais souvenir ? Je me souviens dâune soirĂ©e de lâInsolite avec un repas pour 150 personnes prĂ©vues mais ce soir lĂ il y a eu de la neige au Revest. 80 personnes sont venues quand mĂȘme mais on a eu un peu peur.
Le dĂ©veloppement du pĂŽle a Ă©tĂ© fulgurant. Gilles Caillaud, installĂ© Ă la Valette comme artiste en rĂ©sidence sous lâincitation du PJP fĂȘtera sa 600Ăšme du « Tour complet du cĆur » en juin au Revest pour les manifestations organisĂ©es pour les 25 ans le la Maison.
Un bel anniversaire !
Le PJP câest aussi 350 bus affrĂ©tĂ©s par an pour lâensemble de la communautĂ© dâagglomĂ©ration, ils sont financĂ©s par TPM. Mais la salle des Comoni est aussi mise Ă disposition pour les repas des anciens par exemple. Nous travaillons dans lâintĂ©rĂȘt communal.