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🏭 Industrie - Les dix moulins de la vallée de Dardennes




Source : Texte de Pierre Trofimoff publié en 1986 dans le bulletin N°1 Société des amis du Vieux Revest-et du Val d'Ardène

 

L’histoire des 10 moulins de la vallée d’Ardène est étroitement liée à l’histoire des hommes qui vivaient ici ; ils représentaient la richesse. Mus grâce à de l’eau abondante, ils permettaient de transformer et de rendre utilisables des produits aussi divers que les olives, le blé, le marbre et autres.
Les communes, mais aussi les seigneurs, attachaient beaucoup d’importance à posséder tels ou tels engins, source de rapport d’une part, capital important d’autre part.
Il n’était pas possible de construire des moulins où et comme on le voulait ; la législation en vigueur, les enquêtes et les autorisations, l’engagement de ne pas polluer l’eau, comme de ne pas la détourner d’un autre engin ou moulin, étaient des conditions indispensables pour obtenir l’autorisation d’implanter ce genre d’établissement industriel avant la lettre.
Leur histoire remonte loin dans le temps, il est maintenant certain que les Romains surent, ici, édifier des moulins pour triturer les olives, moudre les blés, et utiliser et réaliser les moulins et ateliers divers pour d’autres travaux. Le béal « romain » est cité depuis des lustres, et certaines de ses parties, comme d’ailleurs de son mortier de revêtement, sont considérés comme romains par de nombreux spécialistes.

Les moulins, nombreux sur la commune du Revest, utilisaient, de par la situation géographique du pays, de nombreuses tombades (chutes d’eau capables d’augmenter la force du courant) pour accélérer la marche des meules.

 

Ils étaient dix moulins à farine, et seulement deux à huile, mais certains ont fonctionné pour le broyage des olives à certaines époques et seront reconvertis en moulin à farine quand le besoin s’en faisait sentir.

 

Le premier de ces moulins était situé à l’endroit même où se trouvent les marches du béal, à la hauteur du très beau jardin potager de la propriété Verelli, devant les boutiques du Guynemer.

 

Le deuxième est un peu plus haut, en allant vers Dardennes, juste avant le pont, devant le bar du Bon Coin, là même où se trouve la boulangerie.

 

 

 

 

 

 

Le troisième moulin est tout neuf, la guerre, lors de l’explosion de l’une des alvéoles de la poudrière Saint-Pierre, l’avait pulvérisé; reconstruit, il abrite les locaux des Anciens des Moulins.

 

 

 

Le quatrième moulin est juste un peu plus haut, toujours sur la droite, récemment restauré, repeint en rose, il a fière allure. Il servit de poste de guet pendant la Libération aux officiers chargés de régler les assauts des batteries françaises contre la poudrière.

 

 

 

Après être passé devant l’ancienne chapelle Saint-Pierre, transformées en maison de la Culture, nous prenons la traverse entre le bar et les nouvelles constructions. Juste avant de reprendre la route de Dardennes, c’est la cour du cinquième moulin, qui fut longtemps la propriété Quadropani. Avant la dernière guerre, on y célébrait chaque année les journées de la fête de Saint-Pierre-es­Liens. C’était la fête.

 

 

 

Le sixième moulin, un peu à l’écart de la route, se cache derrière les petites maisons qui encadrent le pont de Saint-Pierre. Pendant la dernière guerre, il servit de garde-meuble à de nombreuses familles évacuées, absentes ou dispersées par les événements.

Bien avant la dernière guerre, au 17ème ou 18ème siècle, il y eut sur cet emplacement une auberge réputée.

 
Pour rencontrer le septième moulin, il faut traverser le hameau de Dardennes, sur la droite, après le bâtiment de l’ancienne forge de Dardennes, à quelques cent mètres du château. De belles meules coniques ornent encore sa façade principale. Ces meules, faites en pierres de lave, étaient, parait-il, destinées aux paroirs à drap ; il en existait deux ou trois dans les environs. C’est de là que viendrait le nom de « Paridon » (rien à voir avec le mot pardon). C’est dans ce bâtiment que des restaurants célèbres ont, pendant des lustres, réservé à une clientèle d’officiers de Marine et à leurs « petites alliées » des repas de choix et de discrètes fêtes en tête à tête. Le célèbre Davin, dit « Le sourd », y fit ses débuts.

On est ici en plein cœur de la meunerie, à droite et à gauche de la route, l’ancien « chemin de Jésus-Christ » qui conduisait au château de Dardennes mais aussi au Revest, l’ancien « chemin des pierres » tant il était mauvais jusqu’aux environs de 1951, est bordé de moulins.

 

 

 

Le moulin à huile, qui pendant la guerre abrita du matériel militaire, aujourd’hui « La Paysanne »; l’ancien « Café Restaurant du Paridon » qui fut un temps une annexe du 7ème moulin de Dardennes.

 
Le huitième moulin de Dardennes, qui fut en activité jusqu’à la fin du 19ème siècle et dont le dernier meunier fut M. Rouquier ; construit, aménagé sur l’emplacement du martinet à poudre qui explosa en octobre 1684, il est toujours debout et sa belle porte tranche sur toutes les autres. Il est très ancien, et son sol possède deux ou trois et peut-être même quatre assises de carrelage.

Tout autour de lui, on peut voir des pierres de tailles volumineuses, pieds d’encadrement de portes ou de voûtes anciennes, marquées de signes et lettres cabalistiques. Une amorce d’aqueduc se trouve derrière cette solide bâtisse et semblait conduire l’eau vers d’autres destinations.

 

Le 9ème moulin qui fut un temps paroir à drap, et que l’explosion du martinet à poudre en 1684 rendit méconnaissable tant les dégâts, aux installations et aux appartements du meunier, furent importants.

 

On arrive en fin d’itinéraire : le 10ème moulin de Dardennes qui fut longtemps un des trois volets des moulins de la vallée avec les 8ème et 9ème moulins. C’est une important bâtisse à la très belle charpente et qui conserve encore tous les conduits de bois pour faire descendre et conduire les grains depuis le sommet de la bâtisse, où ces grains montaient par des poulies jusqu’aux meules où se retiraient les farines. Pendant la guerre, il servit d’entrepôts aux archives de la DCAN.

 

 

 

Il reste le moulin dit « du Colombier », aujourd’hui englouti dans le barrage lors de sa construction. Mais nous savons beaucoup de choses à son sujet grâce à Maurice et George Sand. Les dessins de M. Sand nous donnent de nombreux renseignements sur les moulins, les notes de sa mère aussi.

 

Contrairement à ce que l’on pense généralement, ce n’était pas un moulin à farine, mais un moulin à huile. Sa construction fut autorisée par délibération de la commune de Toulon le 15 septembre 1792.

 

Cette autorisation fut accordée à Antoine Hubac, Barthélémy Artigues, Vincent et Blaise Artigues, tous beaux-frères, habitant le terroir de Toulon. Le terrain, où allait être construit le moulin, appartenait à Louis Artigues et était attenant au canal qui alimentait les moulins à farine de cette commune, distante d’un quart de lieue des moulins de Dardennes. Il ne pouvait donc pas nuire au bon fonctionnement des moulins à farine, car les moulins à huile ne travaillaient qu’une partie de l’année. L’autorisation était accordée sous certaines conditions quant à l’utilisation des eaux bourbeuses après installation des « coulisses écluses ». Toute ces bâtisses chargées du travail des hommes, chacun d’eux portait plusieurs fois par jour des sacs de farine pesant 80 kilos, sont encore debout, défiant le temps, certaines ont été au milieu du 1 9ème siècle transformées en habitations à loyers modérés. Elles avaient appartenu aux seigneurs du Revest, à ceux de Dardennes, à la Communauté de Toulon (1640). C’est la loi du 28 mars 1813 qui avait obligé la commune de Toulon à céder à la Caisse d’amortissement la propriété patrimoniale des moulins. De vente en vente, ces bâtisses élégantes et rustiques dont certaines remontent sans discussion au 14ème siècle, prouveraient s’il en était besoin le génie industriel de nos ancêtres.


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