🚒 Incendies - Faron : une mort programmée
Ce document a été rédigé en janvier 2018 par l’Association Défense et Protection du Faron
161, rue Etienne Lantelme Quartier Beau Soleil - 83100 Toulon
adpfvar@orange.fr Site web
Année 2017 le monde entier brûle
Réchauffement climatique et force peu commune des vents provoquent un embrasement de la planète.
En Californie plusieurs centaines de milliers d’ha perdus et des centaines
d’habitations détruites plus de 40 morts.
En Europe du sud :
- Portugal et Espagne 350.000 ha brulés, 45 morts.
- Italie 140.000 ha exterminés
- Grèce 1500 ha et 5 habitations détruites
- France, Région PACA :
- Vitrolles- Fos 7.000 ha effacés, 1500 maisons touchées dont 30 détruites
- Bormes-Les-Mimosas : 10.000 personnes évacuées; 800 hectares brûlés;
2 habitations détruites.
- la Croix-Valmer, Ramatuelle et Golfe de Saint-Tropez :
500 ha de massifs forestiers brûlés ; des dizaines d’habitants évacués ;
2 villas touchées par les flammes;
- HYERES 430 ha touchés et deux maisons détruites
- CORSE 6.836 ha partis en fumée, beaucoup d’habitations touchées
- SUR LE FARON l’incendie est une « tradition » :
De 1934 à nos jours 28 incendies ont été recensés dont les plus graves :
En Juillet 1934 = 30 ha , Août 1944 = 185 ha , Eté 1967 = 50 ha, Septembre 1969 = 38 ha, Octobre 1970 = 60 ha, Juillet 1987= 100ha, Août 1999 = 70 ha.
En cette année 2018, LE FARON est en sursis !
Beaucoup des toulonnais habitant les flancs du Faron au plus près de la forêt ignorent qu’ils sont des rescapés : le lieu est merveilleux, la nature sauvage au plus proche de la ville, vivre là est un bonheur total.
Vu de loin, pour la majorité des citadins comme pour les touristes c’est un « caillou » qui surplombe la ville et lui donne d’en haut comme d’en bas un cachet exceptionnel. Pour quelques marcheurs et amateurs de VTT un espace de loisirs privilégié. Pour les promoteurs un coffre-fort qui ferait leur fortune si le classement était abrogé. Pour les autorités une source indiscutable de dépenses qu’il faudrait rentabiliser. Pour les riverains un cadre de vie unique optimisé par la proximité d’une zone naturelle vierge. Enfin pour les amoureux initiés et militants c’est un site classé dont la forêt, poumon vert de la ville, doit être protégée par tous les moyens.
Une idée reçue : le Faron est un site classé, donc il appartient à la commune.
En fait sur 1.100 ha classés, environ 700 ha sont des propriétés privées qui sont toutes situées dans la moitié basse du massif au contact direct de la ville au Sud à l’Est et l’Ouest. Au Nord le long de la route reliant La Valette à Dardennes les propriétés privées sont enclavées dans la forêt du site classé.
Ces photographies démontrent que l’imbrication entre forêt classée et habitations est constante tout au long du piémont. Nul n’en doute, le rôle de la ceinture végétale au contact de l’habitat est essentiel pour la qualité de vie dans l’agglomération.
Mais, dans le site classé, la forêt privée est quasiment partout à l’abandon elle est devenue inextricable au Sud comme au Nord : directement au contact des habitations c’est un combustible qui n’attend que la première étincelle !
Au SUD en 1999 le feu a « nettoyé » 70 ha au-dessus de la corniche Marius Escartefigue entre le Trou du Diable, le Vallon des Hirondelles et les hauts de Darboussèdes en dessous du Fort Faron. Si par miracle cette nuit d’Août 99 aucune construction n’a été détruite, la perte de centaines d’arbres et la fissuration des roches par la chaleur a considérablement fragilisé cette pente. Le risque d’éboulements qui était déjà fort sur tout le massif a été ici fortement aggravé. Dans cette zone au- dessus de la route, toute construction est désormais interdite ce qui a fortement pénalisé la valeur marchande des biens.
Avant cet incendie la forêt de pins et de chênes en cet endroit constituait un rempart infranchissable pour les roches qui auraient eu envie de rouler vers les habitations longeant la corniche Marius Escartefigue. Le feu a eu raison de ce rempart naturel. De plus la chaleur de l’incendie détruisant les arbres et les lauriers-thyms et autres essences a fait disparaître les réseaux radiculaires qui fixaient le terrain. Ces séquelles ont décidé les autorités à prendre un arrêté de péril puis à mettre en place un PPR chute de bloc (Plan de Prévention des Risques chute de bloc) qui a été étendu à tout le massif. Non seulement les travaux de sécurisation envisagés et parfois initiés, notamment au niveau du Vallon des Hirondelles, vont avoir un coût énorme, mais encore les conséquences de cet incendie sur le site dans le temps aggravent les risques de récidive pour les feux.
En effet, suite à cet incendie, la repousse des végétaux a été anarchique et a rendu la biomasse inextricable.
A l’Ouest, vers le Fort du Grand St Antoine, les hauts du Fort Rouge et de Valbourdin la forêt classée est moins dense. La montée vers le sommet par la route stratégique est mieux entretenue et semble moins vulnérable.
C’est la voie touristique pour accéder à la Tour Beaumont, au Zoo et aux commerces du plateau. L’entretien y est correct et le danger de feu y semble moins preignant.
A l’Est, après l’incendie de1969 sur la Haute Bosquette ( 38 ha) la biomasse s’est épaissie jusqu’au pied du fort La Croix-Faron. Elle est actuellement trop dense et le plus souvent à l’abandon.
Au Nord, le long du chemin de l’HUBA 50 ha ont brûlé en 1967, alors que les habitations y étaient rares. De nos jours la forêt privée-classée est presque totalement à l’abandon.
Pour quiconque aime le Faron, veut qu’il vive et s’inquiète des suites dramatiques pour la forêt , les biens et les personnes qu’aura un incendie par temps de gros mistral sur la bande forestière classée et mitoyenne des habitations, la nécessité de prévenir par tous les moyens ce risque majeur s’impose à la raison.
La prévention est possible.
En matière d’Incendie le risque zéro n’existe pas. Les causes accidentelles sont trop diverses : foudre, jet de cigarette, tesson de verre, écobuage, travaux divers, barbecue etc. Les origines criminelles ont aussi une importance non négligeable. Seules certitudes : le feu démarre toujours à partir de broussailles facilement inflammables et la plupart du temps les terrains entretenus sont épargnés et peu détruits.
Un terrain entretenu est un terrain débroussaillé et éclairci où le feu passe sans faire trop de dégâts.
Nous pouvons vérifier l’efficacité de la prévention par débroussaillage et éclaircissement de la biomasse au sommet du massif, dans la forêt communale correctement entretenue par l’ONF. La forêt classée communale bénéficie d’une bonne prévention.
La forêt privée au pied du Faron est le contre-exemple de ce qu’il conviendrait de faire : les règles qui s’y appliquent sont insuffisantes. Les préconisations sont édictées par Le PIDAF (Plan Inter- communal de Débroussaillement et d’Aménagement Forestier), un arrêté préfectoral qui le complète, le PLU (Plan Local d’Urbanisme) et le Code forestier.
Les règles actuelles de la prévention :
1/ Le PIDAF communal et l’arrêté préfectoral du 25 avril 2011
Le PIDAF a été voté à l’unanimité par le conseil municipal de Toulon. L’arrêté préfectoral de 2011 le renforce : Les propriétaires riverains du site classé doivent obligatoirement débroussailler autour des constructions sur une distance de 50 mètres.
Ce plan est un pis-aller et de plus il est inique : il est injuste de forcer à débroussailler chez son voisin jusqu’à 50 mètres alors que ce voisin indélicat méprise son patrimoine et met ainsi en danger les biens et les personnes riveraines. Le véritable responsable est tranquille il n’est pas poursuivi. Un moyen de le contraindre est nécessaire.
Le PIDAF protège peut-être du départ de feux à partir des jardins autour des maisons mais il n’empêchera pas que le feu démarre et se répande à partir de la
Forêt classée non entretenue.
2/ Le code forestier
En application de l’article L322-3 du Code forestier dans les communes où se trouvent des bois classés « …le débroussaillement et le maintien en état débroussaillé sont obligatoires sur les zones situées à moins de 200 mètres de terrains en nature de bois, forêts, landes, maquis… ». Encore une règle pour des terrains construits.
3/ Le PLU
définit les conditions de construction et d’aménagement des terrains construits et ne s’applique pas à la forêt classée par définition inconstructible.
Le Point de vue des Autorités
Selon les responsables locaux et nationaux, les PIDAF, PLU, arrêté préfectoral et Code forestier protègent suffisamment sinon la forêt classée qui ne semble pas être leur principal souci, du moins les habitants de sa lisière. Questionnés depuis longtemps les responsables locaux et nationaux ont dit ou écrit :
- Le Maire de Toulon très silencieux ne s’est pas exprimé sur ce sujet mais son conseiller Ph. SANS a pris position en Conseil municipal le 25 février 2011 pour vanter les dispositions existantes et repousser la nécessité de leur amélioration.
- L. CAYREL Préfet du Var Le 18 juillet 2013 :
Le PLU de Toulon veille …à ne pas aggraver les risques d’incendie dans les secteurs sensibles en frange des espaces boisés.
- Ph. MAUGUIN Ministère de l’Environnement le 18 février 2015 :
…compte tenu des bons résultats enregistrés ces dernières année en matière de prévention et de lutte contre les incendies, il n’est pas envisagé de faire évoluer prochainement cette disposition légale.
- Pat. BLANC Ministère de l’Ecologie le 11juin 2015 :
…un plan intercommunal de débroussaillement et d’aménagement forestier a été approuvé ; il planifie les aménagements et les équipements du massif forestier en vue de prévenir les risques d’incendies.
- P. GAUDIN préfecture du var le 11 Août 2015 :
… les enjeux d’urbanisation étant pris en compte sur le Mont Faron, la mise en œuvre d’un PPRIF ne semble pas pertinente.
- S. ROYAL Ministre de l’écologie le 24 Août 2015 :
Le PPRIF est un document… visant à protéger les biens et les personnes par l’établissement d’un zonage réglementaire qui définit les conditions d’urbanisation et de construction ou d’utilisation des sols ainsi que des mesures à mettre en œuvre pour protéger les biens existants » et à propos de notre Faron «…en dépit de la nécessité de sauvegarder cet espace remarquable, le PPRIF n’est pas en l’occurrence l’outil adapté… ce document ne peut pas imposer une règlementation sur les espaces à vocation naturelle….
Le mot est lâché : PPRIF !
(Plan de Prévention des Risques d’Incendies de Forêt)
Depuis des années plus de 10 ASSOCIATIONS et CIL représentant beaucoup d’habitants des pourtours du Faron réclament un PPRIF.
Ces riverains du site classé, souvent natifs de ces quartiers, connaissent bien la situation du terrain. Ils ont le sentiment que les Autorités, s’abritent derrière le PIDAF et le PLU de Toulon pour éviter de devoir contraindre les propriétaires de la forêt classée.
Pourquoi un PPRIF ?
Parce que tous ces plans et les règlements existants ne s’appliquent pas à la forêt mitoyenne classée non construite.
Or, au-delà des 50 mètres éventuellement débroussaillés selon les règles préconisées, la forêt classée et non entretenue sera en cas d’incendie et de fort vent par le simple effet thermique, les projections incandescentes et les flammèches, un véritable lance-flamme qui embrasera les volets et les charpentes puis détruira les habitations. Les habitants seront eux aussi en danger de mort. C’est ainsi que la forêt à l’abandon au contact de la zone urbanisée annulera tous les actes préventifs créés par le PIDAF, l’arrêté préfectoral, le PLU et le Code Forestier. La forêt classée à l’abandon en cas d’incendie contaminera les habitations bien au-delà des 50 mètres éventuellement entretenus. L’effet thermique dépasse largement cette distance. Les flammèches et sauts de feux peuvent atteindre plusieurs centaines de mètres.
En résumé :
- Les règlements prétendus suffisants s’appliquent uniquement dans
les propriétés bâties.
- l’obligation de débroussailler chez le voisin est injuste et inapplicable.
- l’obligation de débroussaillage ne s’impose pas dans la forêt classée non
construite. C’est pourtant là que réside le risque majeur.
- Avec les textes existants et sans coercition pas de résultat à attendre.
Un PPRIF a été élaboré pour le site classé du massif forestier de l’Estérel : pourquoi ce qui est jugé utile là serait inutile pour le Faron ?
Le PPRIF n’est pas un doublon des plans existants. Certaines de ses applications sont inutiles dans un site classé notamment celles qui concernent l’édification de constructions mais il en est qui sont capitales, obligatoires et sous astreinte : débroussaillage, élagage, dépressage et entretien des sentiers permettant le déploiement des moyens terrestres de lutte contre le feu.
Cela change tout.
Un PPRIF s’imposera de droit aux documents d’urbanisme élaborés par la mairie.
Sans faire de la forêt un paysage lunaire un entretien minimum est nécessaire.
Par gros vent et la nuit il est prouvé que sur le Faron (incendie de 1999) les moyens aériens sont inutilisables, les moyens terrestres impossibles en l’absence de pistes carrossables à l’intérieur de la forêt, l’eau manquera par le non-respect des engagements de création de réservoirs pourtant prévus dans le PIDAF.
Même de jour, les canadairs ne pourront pas larguer l’eau sur les maisons sans risquer de les endommager gravement.
Dans un document de l’ONF il est écrit que « les feux ne pourraient pas être maîtrisés s’ils parcouraient le piémont du Faron ».
Les habitants atterrés regarderont leur maison brûler
Que diront les Autorités après le désastre ?
Elles ne pourront plus soutenir que le PIDAF voté en conseil municipal, autre PLU et Code Forestier étaient suffisants et surtout pas qu’il n’y avait rien d’autre à faire.
Un PPRIF pour TOULON
Et jamais sur le Faron une telle image !
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