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🐺 La faune revestoise - Chronique des Bonelli - 2021




Chronique des Bonelli - 2021
Falaises du Mont Caume
Falaises du Mont Caume, Le Revest-les-Eaux, site de nidification de l'aigle de Bonelli 

 

 

L’an dernier, nous avions assisté de très loin, grâce à la surveillance sans faille de Michel Rothier, à la naissance fin mars début avril du deuxième rejeton de la jeune femelle du couple des Bonelli ; après Gwladys en 2019, c’était un petit mâle, Gautier.
Aujourd’hui, le mâle du couple a douze ans, la femelle cinq, et ils semblent avoir trouvé leur rythme de reproduction. La femelle a choisi cette année le même nid qu’il y a deux ans.

 

« Depuis de nombreuses décennies, on ne comptait plus qu'un seul couple d'Aigle de Bonelli dans le Var. Cette espèce particulièrement menacée en France a subi une forte régression de population sur son aire de répartition méditerranéenne jusqu'en 2002, année où on ne décomptait plus que 22 couples nicheurs. Après une implication forte des naturalistes, des pouvoirs publics et de nombreux usagers, les différents plans nationaux d'actions qui se sont succédé ont permis une lente croissance de cette population pour atteindre 41 couples nicheurs en France en 2020. »

 

Le 12 mai a eu lieu au Revest-les-Eaux le baguage de l’aiglon de l’année, un beau petit mâle de 1950g et environ 45 jours. Pour mémoire, Gwladys pesait 1600g à 36 jours et Gautier 1350g à 35 jours ; le mâle est toujours un peu moins lourd que la femelle, plus grande et plus trapue.
L’éclosion a donc eu lieu vers le 30 mars, le petit se montre au bord du nid quatre à six semaines plus tard et prendra son premier envol, selon sa croissance et sa témérité, autour de la mi-juin.

 

L’opération de baguage est menée par Cécile Ponchon, chargée de mission Rapaces au CEN-PACA*, dans le cadre d’un programme personnel du CRPBO **  pour permettre d’étudier la dynamique de la population, la dispersion des jeunes ou encore de détecter les causes de mortalité.
Elle est accompagnée depuis de nombreuses années dans cette délicate opération par Elvin Miller et Philippe Lèbre.

 

9h45 : début de l’opération, suivie et guidée d’en bas à la lunette et aux jumelles par Michel Rothier, avec la descente du cordiste Philippe Lèbre ; peu de temps auparavant, le petit et la femelle déchiquetaient une proie, la mère arrangeait le nid en déplaçant quelques branches.

 

9h52 : envol du nid de la femelle plein Est

 

La femelle escortée de deux choucas
La femelle escortée de deux choucas

 

9h54 : le petit se trouve au bord de l’amas de branchages, ramené progressivement vers le centre avant d’être attrapé et mis avec précaution dans un sac par le cordiste. Quelques éléments sont également prélevés dans le nid, qui seront analysés par la suite.

 

Poste d'observation au pied de la falaise
Poste d'observation au pied de la falaise

 

10h05 : en haut de la falaise, après une remontée de 8 minutes à peine, le petit est examiné, pesé, mesuré. Deux bagues lui sont posées, l’une métallique, à droite, du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) qui comporte un numéro d’identification, l’autre à gauche de couleur violette, numérotée 62.

 

Aiglon de Bonelli, Le Revest, 2021

©CEN-PACA 2021

 

10h27 : le petit est remis au nid…
Cette opération aura duré moins d’une heure, l’aiglon ayant été retiré du nid 30 minutes à peine.
À noter que les deux parents ont été aperçus de retour à proximité du nid en fin de journée
(pour répondre à une question souvent posée, les oiseaux n’ayant pas d’odorat, le fait de manipuler le petit et de l’imprégner d’une odeur étrangère ne perturbe en rien les parents, contrairement à ce qui peut arriver avec les mammifères chez qui le risque d’abandon existe bel et bien).

 

« La limitation des risques de dérangement pendant la saison de reproduction, de janvier à juillet, est un enjeu important pour que le couple puisse mener à bien sa reproduction. Ainsi les secteurs de nidification font l'objet de protection afin de limiter les activités de survol, d'escalade, ou tous types d'activités bruyantes pouvant entrainer l'abandon du nid et ainsi l'échec de la reproduction.
De nombreux aiglons ne survivent pas à leur première année, très souvent victimes d'électrocution, la cause principale de mortalité. On décompte encore des cas de noyade ou braconnage (tirs, empoisonnement), qui laissent ainsi peu de chance aux jeunes aiglons d'atteindre l'âge adulte.

 

Après le départ de leur site de naissance, fin août/début septembre, ils entament une période dite d’ « erratisme » où ils vont explorer des zones proches (Crau/Camargue) ou plus lointaine (Espagne, Portugal et même Danemark !) avant de revenir à l'âge adulte sur les zones de falaises de son aire de répartition pour chercher un partenaire et un site de nidification.

 

En 2020, un deuxième couple est venu s’installer dans le Var, venant ainsi doubler les effectifs du département ! »

 

Reste à suivre attentivement et régulièrement la croissance et l’évolution de notre aiglon 2021 qui pourrait, compte tenu de sa date de naissance, se prénommer Amédée ou Benjamin…

 

Marie-Hélène Taillard – Juin 2021

 

Sources : Cécile Ponchon, Michel Rothier, CEN-PACA


*     Conservatoire d’ Espaces Naturels PACA (CEN-PACA)
**   Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d'Oiseaux


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