👥 Destins revestois - Le Revestois Firmin Douhet, membre de l’Académie du Var
L'Académie du Var date de 1800. À l'origine, elle portait le nom de «Société des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Toulon». Elle fut créée par l'Administration centrale du Département du Var sous l'initiative d’Officiers de Santé associés à des professeurs de l'École Centrale. Cette société s'appela par la suite «Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Toulon» en 1811, «Société des Sciences, Belles-Lettre et Arts du Département du Var» en 1817, et finalement «Académie du Var» en 1878. Elle a été reconnue d'utilité publique par décret le 25 juin 1933. L'Académie du Var a pour but de «favoriser le développement de la vie littéraire, scientifique et artistique et surtout l'étude des questions pouvant intéresser la région dont le Var fait partie.» Elle a réuni dans son sein, depuis sa création, des historiens, des scientifiques, des écrivains, des poètes, des artistes (peintres, sculpteurs, graveurs, artistes lyriques...). Grâce au soutien du Conseil général du Var, l’Académie du Var publie, depuis 1833, un bulletin annuel, le Bulletin de l’Académie du Var, diffusé à six cents exemplaires dans différentes bibliothèques du Var et du monde entier. Ce bulletin est un ambassadeur de la culture varoise.
Parmi les Académiciens, passés ou actuels, nous allons tout d'abord nous intéresser à l'un d'eux, qui habita le Revest-les-Eaux. C'est Firmin DOUHET. On doit reconnaître qu'il porte bien son nom ! Il fut, tour à tour, apiculteur, agent de liaison pendant la guerre, Président de Tribunal en Afrique, Administrateur des Colonies.
Firmin Antoine DOUHET est né le 7 décembre 1896 à Châtellerault dans la Vienne. Son père Guillaume était originaire du Cantal, issu d'une famille de cultivateurs. Sa mère, Jeanne REINBUCHER, bien que née à Châtellerault, avait des origines alsaciennes. Le grand père y était armurier. Firmin se maria le 20/02/1918 à Noisy-le-Sec à 21 ans, avec Henriette RINCELOT Knecht (NDLR) dont il divorcera au début des années 40. De cette union naquirent deux enfants. Avec sa petite famille il s'installa au Revest. En 1922, il participa à l'arrestation d'un dangereux criminel, Marcellin DELVAL (lire ci-après l'article relatant ce fait divers).
Le célèbre écrivain Maurice Maeterlinck lui rendit visite sur son rocher du Revest en 1926. Il voulait sans nul doute se documenter pour pouvoir écrire son fameux livre «La vie des Abeilles», livre qui fut édité la même année en 1926 et réédité en 1930. Maeterlinck n'oubliera pas l'apiculteur. Il préfaça magnifiquement un ouvrage de Firmin DOUHET qui ne semble pas avoir été édité. En 1929, Firmin fut appelé par l'Académie du Var à succéder à Émile JOUVENEL, homme de Lettres, décédé de maladie en août 1928.
Firmin DOUHET a prononcé son discours de réception à l'Académie du Var, à l'Hôtel de ville de Toulon, le 26 décembre 1929, en séance publique et solennelle. Il avait 33 ans. Dans son discours de réception, il parle de ses recherches, distinguant l'entomologie morphologique de l'entomologie physiologique, cette dernière lui paraissant plus riche car elle étudie les différents organes de l’abeille aux divers stades de son évolution (Bulletin de l'Académie du Var, année 1929). Firmin DOUHET fut un très grand travailleur. Il ne ménagea ni ses forces ni son intellect pour pousser toujours plus loin ses recherches. Il mena avec ténacité ses recherches d’entomologie tout en travaillant quotidiennement comme apiculteur pour pouvoir nourrir sa famille. Il étudia notamment la fécondation artificielle des reines d'abeilles (communication à la séance mensuelle du 03/04/1929). Sa curiosité jamais satisfaite lui permit de comprendre la relation du miel et de la cire. Dans une communication de séance du 05/03/1930, il donna son explication toute personnelle aux écarts observés entre les quantités de miel et les quantités de cire. Il établit très précisément les données physiologiques de la sécrétion de la cire. Il bouscula sans scrupules des théories établies ; son instinct, ses travaux, ses observations lui prouvant le contraire de ces théories. C’était un novateur, qui aimait sortir des sentiers battus.
Il participa aux actions du 23 au 25 septembre 1940 à Dakar qui ont permis la neutralisation d’une partie des forces aériennes et terrestres. Cependant les alliés perdirent devant Dakar. Arrêté le 30 septembre, interné à la maison d’arrêt de Gannat avec ses compagnons. Ils sont traduits le 11 juin 1941 devant la cour martiale séant dans cette ville instituée par la loi du 24 septembre 1940 pour juger les « crimes et manœuvres commis contre l’unité et la sauvegarde de la patrie» ; elle se compose d’un président et de quatre membres désignés par décret : le général Duffieux, grand chancelier de l’ordre de la Légion d’honneur, le général Huré, le contre-amiral Cadart et deux anciens combattants ; le procureur général Wallet, ancien substitut auprès du tribunal de la Seine, se distingue en déclarant à Boislambert et Louveau : « Ah, les complices du traître de Gaulle ! Vous serez bientôt fusillés ! Quant au traître lui-même, il vous remplacera bientôt ici, et il sera fusillé à son tour !» La procédure est expédiée en deux jours. Le 13, Fernand Auclert, receveur des Postes à Kaolack, est acquitté, le sergent chef Alfred Dalbiez condamné à six mois d’emprisonnement, Antoine Bissagnet à vingt ans de travaux forcés, Boislambert à la peine capitale – commuée le 15 en peine de travaux forcés à perpétuité et à la confiscation générale de ses biens. Devant le mauvais état de santé de Firmin Douhet, adjoint des services civils des colonies à Dakar, son cas est disjoint de celui de ses camarades – il est finalement condamné le 5 septembre suivant à un an de prison. En février 1942, il rejoignit les Forces Françaises de l’Intérieur. Il fut agent de renseignement qui travailla en permanence pour la résistance (grade P2).
Il se maria une seconde fois, le 20 mai 1944 à Paris, dans le 18e arrondissement, avec Marguerite Cordier, de famille Lorraine, née à Toulon en mai 1914. Celle-ci était également résistante, engagée en août 1943. Elle avait le grade P1, affectée dans le Béarn. Ils divorcèrent le 18 juillet 1949. Deux fils sont nés de cette union. Marguerite Cordier est décédée en Moselle, à Boulay le 2 mai 2009. Selon le Républicain Lorrain : «Ancienne combattante des forces françaises libres, elle était très connue pour son attitude patriotique durant la dernière guerre mondiale. Entrée dans la Résistance, elle avait en effet assuré la fonction d’agent de liaison et avait été décorée, à ce titre, de la médaille militaire. Madame Douhet avait également assumé les accompagnements aux pèlerinages de Notre-Dame de Lourdes durant de nombreuses années.»
Firmin DOUHET se maria une troisième fois, le 27 janvier 1953 à Paris avec Andrée Aimée Pierson.
Il décédait un an et demi plus tard, le 17 juillet 1954 à Villeneuve-la-Dondagre, dans l'Yonne, à l'âge de 57 ans.
NDLR : nous avons découvert récemment un lot de cartes postales échangées par la famille Douhet-Knecht. Voici leur description :
Ces cartes postales furent échangées entre Le Revest et Noisy-le-Sec essentiellement, de 1926 à 1928 +
Marie Augustine Beaufumé est depuis 1916 veuve d'Henri Knecht, elle signe A. Knecht sur les cartes.
Ils avaient eu 2 filles : Jeanne née en 1891 et Henriette en 1896 (qui signe Henriette ou H. Douhet)
Jeanne a épousé Charles Favereau (qui signe Charles) et ils ont un petit Guy, né en 1919. Ils habitent Noisy-le-Sec, en banlieue est de Paris, où Jeanne tient la mercerie "Au baby" avec sa mère Augustine.
Henriette a épousé Firmin Douhet en 1918, ils ont un petit Marc depuis 1920 et ils habitent au Revest où Firmin est apiculteur.
Source : Article de Colette Comba dans le bulletin 61 des Amis du Vieux Revest . Voir aussi notre page de généalogie.