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♖ Tourris - Le Tourris de Pierre Trofimoff




Situé à 10 kilomètres au nord-est de Toulon, le hameau de Tourris (turris : les tours) nous est révélé pour la première fois  en 1084 dans une bulle donnée par Grégoire VII. Appelée aussi Vieille-Valette (Bourg « de Vallé », vestige de toponymie gauloise).

Tourris doit son nom au fait qu'il fut de tout temps un lieu de repli et un poste d'observation de première importance.

Ce fut d'abord un réduit gaulois. Un poste romain s'édifia autour de ces constructions. Plusieurs maisons furent ensuite élevées à l'abri de ce « mirador ». De solides murs d'enceinte abritaient le tout, et leurs ruines, encore robustes, encadraient des portes largement ouvertes.

L'ancienne demeure romaine de saint Jean de Tourris, au milieu du 18e  siècle, dépendait du domaine des comtes de Provence, en dehors de tous autres seigneurs, comtes ou barons. Tourris fut très souvent l'objet des convoitises des Revestois et des édiles de la Valette. Il eut pendant très longtemps ses syndics élus : en 1639, les consuls de la Valette furent nommés syndics de Tourris, à la demande des habitants eux-mêmes. Les consuls du Revest avaient adressé un ultimatum à leurs voisins.

Les très nombreux combats des XIVe et XVe siècles y amenèrent une population apeurée. Les incursions des barbaresques accrurent ces replis.

En 1262, Charles II, comte de Provence, et son épouse Béatrix cédaient tous leurs droits sur le « Bourg de Vallé » aux nobles Isnard et Reforciat. Ceux-ci abandonnaient les droits qu'ils possédaient à Toulon.

Les relations entre Toulon et les châteaux voisins ne furent pas toujours très cordiales. En 1395, Les consuls de Toulon désignèrent « les Nobles Vincent et Antoine et Messires Antoine et Jacob » pour qu'ils se rendent auprès du sénéchal et du Conseil Général pour régler au mieux «la paix qui doit avoir lieu entre la ville et les châteaux de Tourris et du Revest...».

Le 9 juillet 1447, les consuls de Toulon engagent des pourparlers avec les seigneurs d'OlliouIes pour obtenir le libre accès des pâturages de Tourris. Afin de gagner cet avantage, la ville consent à payer tous les frais que M. d'OlliouIes a pu faire.

Devant les menaces que faisait peser sur leur ville la présence de la flotte turque, les consuls de Toulon écrivirent au château de « Turitz » (Tourris) de se « rendre à Toulon et de se tenir prêt au premier commandement du Bailli » (1510).

Après la mise à sac (1536) des terres environnant Toulon, c'en était fait de Tourris. Tout y était détruit. De très nombreuses années passèrent avant que le hameau et la seigneurie ne reprennent le visage de la vie.

C'est perpendiculairement à la chapelle Saint-Jean, de Tourris, élément premier de l'ensemble visible aujourd'hui, qu'au début du XVIe  siècle le seigneur de Tourris entreprit la construction du château actuel.

Au début du XVIe  siècle, toutes les terres de Tourris qui n'étaient pas soumises aux tailles furent attribuées au Revest et à la Valette. La seigneurie fut ainsi divisée. Cette répartition nécessitait une application toute spéciale des règlements en vigueur. Les propriétaires du fief défendirent leurs droits. Les prérogatives du seigneur de Tourris étaient sauvegardées (arrêt de la Cour des Comptes, 1731, 1731 et 1759). La seigneurie comportait le droit de haute, moyenne et basse justice directe universelle. Ce droit, qui apparaît à la lecture de plusieurs titres, est très particulier.

Comme dans tout le pays voisin, l'eau jouait à Tourris un rôle considérable et permettait, en plus de l'irrigation des terres, l'implantation et la marche de petites fabriques et industries. En 1738, la ville de Toulon payait 757 livres à M. Rimbaud, procureur du roi « en l'Amirauté de cette Ville » ; cette somme représentait le prix des arbres que la communauté lui avait demandé d'arracher dans son domaine de Tourris, « comme trop voisins du canal des eaux des moulins ».


[NDLR : Il s'agissait en fait du Moulin de Tourris, situé à Toulon, vers le 117 de l'avenue des Moulins. Il n'en reste aujourd'hui que quelques marches, car il a brûlé vers 1910.]


Marches du 1er moulin, dit moulin de Tourris.



La famille de Vintimille fut la première à posséder la terre de Tourris.

En échange de quelques biens et titres seigneuriaux qu'il possédait à Ollioules, Jean Chautard acquit la seigneurie de Melchior de Vintimille.

Originaire de la ville d'Aix, la famille Nas occupe une place importante dans la liste des différents propriétaires de Tourris. Simon Nas, second consul d'Aix en 1494, eut :

— Henri de Nas, second consul d'Aix, en  1529 ;

— Louis de Nas, chevalier. Il fut un des plus brillants capitaine de son temps.
 

Il se signala tout particulièrement en Corse, sous les ordres du maréchal de Ternes. Il fut, par sa brillante compréhension des données du combat, l'artisan de la prise de Bonifacio, occupée par les troupes génoises, le 20 septembre 1553. En 1551, il avait épousé Catherine Chautard, fille de Jean, seigneur de Tourris.

C'est par cette union que la terre de Tourris fut définitivement acquise à la famille de Nas. Louis de Nas et Catherine Chautard eurent Jean-Baptiste. Jean-Baptiste de Nas est cité dans l'Histoire des Guerres de Flandres. Digne successeur de son père dans le métier des armes, il tomba devant  Anvers.

Il avait épousé (1568) Claude de Thomas, fille de Jacques, seigneur de Sainte-Marguerite. Ils eurent Bernardin de Nas, marié en 1591 avec Élisabeth de Marin. Bernardin et Élisabeth de Nas eurent François et Jean-Baptiste II. François épousa, en 1642, Victoire de Saqui qui lui donna Louis de Nas. Ce dernier épousa Claire de Martini en 1670.

La terre de Tourris passa ensuite dans la famille Rimbaud. (NDLR : Je ne pense pas : la famille de Nas est restée en possession du fief de Tourris sans discontinuité entre 1551 et 1785. La mention d'un Rimbaud dans une transaction concernait un moulin dit de Tourris que les de Nas possédaient à Toulon non loin de l'Huilerie Saint-Antoine et qui était mitoyen de la Valtière Saint-André appartenant alors à un Monsieur Rimbaud. Katryne.)

Le 1er octobre 1793, l’armée Lapoype, qui vient de quitter ses positions au pied du Coudon, se porte en renfort de l'armée du général Cartaux ; 1.800 hommes contournent alors le Faron et traversent les terres de Tourris.

La chapelle Saint-Jean de Tourris desservit pendant de longues années le hameau et les bastides environnantes. Cette chapelle fut autrefois un lieu de pèlerinage où Revestois, Valettois et Toulonnais se rendaient chaque année avec ferveur. Une amusante autant que malencontreuse bagarre entre pèlerins du Revest et de la Valette mit fin à cette traditionnelle procession.

Il ne reste que très peu d'archives sur Saint-Jean de Tourris. Une confrérie de Pénitents y existait encore en 1832. M. Marzelini, recteur, nommait cette année-là les prieurs et prieuresses de Saint-Jean. C'était Michel Meiffret, Jacques Meiffret, Victorine Hermitte et Suzanne Meiffret.

Au XIXe siècle, de très importantes réparations furent effectuées à la chapelle. On acheta une chasuble, on mit une nouvelle nappe à l'autel de la Sainte Vierge. On acheta un cadre pour un tableau, la toile du tableau, du plâtre... Le jour de la Saint-Jean, on acheta et on « tira les boîtes ». Toutes ces dépenses ne furent pas du goût du recteur qui les trouva «  inutiles  ».

À l'heure où une fois encore, de par sa situation abritée. Tourris est amené à servir d'important point d'appui à la défense de Toulon, il n'apparaît  pas  déplacé  d'en  rappeler  rapidement  l'histoire.

 Source : Le Revest, Tourris, Val d'Ardène, ouvrage de Pierre Trofimoff publié en 1963


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